Les autorités ivoiriennes seront désormais plus regardantes sur le parcours de l’or brun à travers un nouveau système de tracking. L’objectif est de mettre fin, sinon ralentir, la perte du couvert forestier du pays qui continue de pâtir de cette production.
En Côte d’Ivoire, le cacao à tout prix, c’est bientôt fini. C’est en tout cas le résultat auquel l’État espère parvenir à travers sa dernière initiative de régulation du secteur. Il a en effet annoncé, jeudi 3 mars, par l’intermédiaire du Conseil du café-cacao (CCC), le lancement prochain d’un projet pilote destiné au traçage de ce produit de culture, de la ferme jusqu’au marché.
« Les objectifs sont de contrôler les origines et l’ensemble du circuit des fèves, de lutter contre la déforestation et de payer le prix garanti aux agriculteurs« , a déclaré Yves Brahima Kone, patron du CCC dans des propos rapportés par Reuters.
Un secteur gangrené
Le cacao représente 40% des produits d’exportations ivoiriennes. Le pays approvisionne à 40% le marché mondial et les recettes provenant de cette filière comptent pour 20% de son PIB. Autant dire que le principal ingrédient du chocolat est d’une importance capitale pour l’économie de la Côte d’Ivoire. C’est même une question de survie. Hélas, l’exploitation des champs est minée par un certain nombre de fléaux au nombre desquels figure la déforestation.
À preuve, le pays a vu 19 000 ha de forêts détruits depuis 2019 seulement, selon un rapport publié par l’ONG active dans la préservation de l’environnement Mighty Earth, le mois dernier. Cela représente 2% du couvert forestier de cet État d’Afrique de l’Ouest réputé pour ses stations balnéaires, de même que ses forêts tropicales. Une situation causée sans aucun doute par la culture cacaoyère, à en croire l’organisme américain.
Multiples enjeux
L’État entend mettre un terme à tout cela grâce au nouveau système de tracking riche d’une base de données actualisée sur tous les agriculteurs, les dimensions et les coordonnées GPS des champs d’exploitations. L’outil financé à la fois par des industriels du chocolat et des acteurs du climat reflète aussi le niveau d’exigence auquel devrait désormais être soumise cette filière hors des frontières ivoiriennes.
L’Union européenne réfléchit en effet sérieusement à fermer l’accès à son marché à tout produit provenant de la déforestation. L’objectif pour Bruxelles est de réduire sa responsabilité dans le phénomène au niveau mondial estimée actuellement à 16% à cause des produits d’importations.