La population américaine est appelée à ne pas sacrifier de mouton cette année pour l’Aïd al-Adha. En cause, la sécheresse qui a drastiquement réduit le cheptel.
Dans un geste sans précédent qui témoigne de la gravité de la crise climatique frappant le royaume chérifien, le roi Mohammed VI a demandé mercredi 26 février à ses concitoyens de s’abstenir du traditionnel sacrifice du mouton lors de la prochaine fête de l’Aïd al-Adha.
Prévue cette année en juin prochain, cette célébration s’accompagne pour ceux qui le peuvent, de l’abattement d’un animal rituel, comme une chèvre, un mouton, un bœuf ou un chameau, en reconnaissance de la dévotion du prophète Ibrahim.
La viande est ensuite partagée entre la famille, les amis et les personnes démunies, dans le cadre de cette commémoration marquant par ailleurs la fin du Hajj, le pèlerinage annuel des musulmans à La Mecque.
« Notre engagement à vous permettre d’accomplir ce rite religieux dans les meilleures conditions s’accompagne du devoir de prendre en compte les défis climatiques et économiques auxquels notre pays est confronté », écrit le roi dans une lettre lue en son nom par le ministre des Affaires religieuses Ahmed Taoufiq à la télévision.
Un cheptel décimé par la sécheresse
Cette décision d’ampleur inédite dans ce pays où la tradition du sacrifice est profondément ancrée fait suite à l’état critique du cheptel national. Selon des données officielles citées par Reuters, les troupeaux de bovins et d’ovins ont diminué de 38% en 2025 par rapport au dernier recensement effectué il y a neuf ans.
Une chute spectaculaire due à la succession d’années de sécheresse ayant affecté l’ensemble du Maroc. Pour la seule année en cours, les précipitations se révèlent inférieures de 53% à la moyenne des trente dernières années.
Cette pénurie de pluie, résultante de nombreux facteurs dont des pratiques agricoles peu viables, l’urbanisation accélérée ou encore le changement climatique, a entraîné un manque critique de pâturages pour nourrir le bétail. De quoi impacter directement la production nationale de viande.
La solidarité sociale comme motivation
Et faire flamber les prix. Cette situation a contraint le pays à augmenter ses importations de bovins, d’ovins et de viande rouge. Les autorités ont ainsi récemment conclu un accord d’importation de 100 000 moutons d’Australie, une mesure exceptionnelle pour tenter de répondre à la demande.
Avec 17 kg par habitant et par an, le royaume chérifien compte parmi les plus grands consommateurs de viande rouge de l’Afrique. Dans sa lettre, Mohammed VI a souligné que l’accomplissement du rite sacrificiel « dans ces circonstances difficiles causera un préjudice important à de larges segments de notre peuple, en particulier ceux aux revenus limités« .
Une approche pragmatique où les considérations économiques et environnementales sont intégrées à la pratique religieuse. Après tout, seul Dieu reconnaît la foi.