Dix ans après la COP21 de Paris, qui avait suscité une prise de conscience collective face à l’urgence climatique, le mouvement écologique français traverse une période de désenchantement.
La France serait-elle devenue insensible à la crise du climat ? La question mérite d’être posée face à l’inaction en cours dans le pays malgré la manifestation de plus en plus accrue du réchauffement à travers inondations et autres cyclones.
C’est en tout cas le sentiment partagé par de nombreux acteurs engagés dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre (CO2), seule arme efficace contre le réchauffement selon des études scientifiques largement documentées.
Associations, ONG et autres think tanks observent en effet comme un retour en arrière, avec la perte progressive de nombreux acquis sur le front écologique.
Dernier exemple en date : la suppression des zones à faibles émissions (ZFE) actée mercredi 28 mai 2025, soit sept ans après leur déploiement, par l’Assemblée nationale, sous les coups de boutoir de l’extrême droite.
Une mobilisation à la peine
« La période est pire qu’avant la COP21 à Paris », déplore dans les colonnes du journal Le Monde, Jon Palais, porte-parole des mouvements Alternatiba et d’ANV-COP21, en référence à ce grand raout que l’ancien président François Hollande avait décrit comme « la plus belle, la plus paisible des révolutions » dans le monde.
« Avant, nous étions dans un travail d’alerte et de prise de conscience. Maintenant, alors que tout le monde peut voir les effets du dérèglement climatique, cette préoccupation ne se transforme pas en action, il y a au contraire une résignation, un défaitisme… », ajoute Jon Palais.
Cette apathie collective se manifeste concrètement dans la faiblesse des mobilisations récentes, où seuls les irréductibles de la cause climatique répondent aux appels. La contre-assemblée générale prévue le 23 mai dernier en marge de la réunion annuelle des actions de TotalEnergies à l’initiative d’Extinction Rebellion a ainsi été très vite tuée dans l’œuf par les forces de l’ordre.
Il en est de même de l’action des Soulèvements de la Terre sur les terres de Vincent Bolloré dans le Finistère, où seulement quelques centaines de personnes ont pointé leur nez.
Des stratégies à l’ère de la réinvention
« Pour une grande partie de la population, l’élection de Trump et le backlash conservateur sont des divines surprises, car ils se disent qu’ils ne vont plus avoir à faire d’efforts puisque les autres n’en font plus« , décrypte Daniel Boy, spécialiste de l’écologie politique au Centre de recherches politiques de Sciences Po, auprès du Monde.
Face à cette situation, les organisations écologistes tentent de réinventer leurs stratégies. Certaines misent sur l’implication directe en politique à l’image d’Alternatiba, qui pourrait se lancer dans les élections municipales de 2026, d’après le quotidien du soir.
Parallèlement, une frange du mouvement écologiste se tourne vers des actions plus déterminées, au risque d’aliéner encore un peu plus le soutien populaire.