France : le ministère de l’Écologie s’empare des forêts

Le ministère de l’Agriculture se voit dépouiller de ce portefeuille demeuré sous sa responsabilité ces 100 dernières années au moins.

C’est une petite ligne dans les nouvelles annonces gouvernementales françaises, mais qui n’en reste pas moins importante historiquement. L’équipe formée le 23 décembre 2024 par le premier ministre François Bayrou a fait passer la forêt de son foyer séculaire de l’Agriculture pour rejoindre à celui de la Transition écologique.

À la grande surprise des acteurs du secteur qui auraient dans un premier temps, selon Le Monde, eu du mal à y croire. Tant ce déménagement bouleverse une pratique pour le coup, profondément établie. Comme le rappelle le quotidien du soir, cela fait en effet 143 ans que la forêt était indissociable du monde agricole dans l’organisation gouvernementale française.

Cela correspond à 1881 plus précisément, date de la création du ministère de l’Agriculture sous la IIIe République, d’après l’historien du droit Daniel Perron interrogé par Le Monde. Une vieille union donc, reflétant une vision productiviste de la forêt, alors considérée principalement comme une ressource à exploiter.

Un massif forestier en pleine fragilité

Une perception sans doute dépassée aujourd’hui, au regard des nombreux défis de notre temps concernant le fléau climatique et ses urgences, entre autres.

À cet effet, les forêts françaises se caractérisent par d’inquiétants signes de fragilité pouvant être déclinés sous plusieurs ordres. Le Monde évoque notamment un doublement de la mortalité des arbres en une décennie, de même l’effondrement de leur capacité d’absorption du carbone.

De quoi placer la question de leur résilience au cœur des préoccupations environnementales. Le changement de tutelle pourra-t-il permettre d’adresser ces défis existentiels ? La réponse devrait provenir d’Agnès Pannier-Runacher, nouvelle ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche.

Celle-ci promet par exemple concernant l’adaptation des forêts et la préservation des puits de carbone, « une valeur ajoutée », à travers son cabinet contacté par Le Monde. « Les pêcheurs ont déjà été rattachés au ministère, on sait gérer les acteurs économiques », ajoute le ministère.

Un bouleversement passablement accueilli

Reste que ce bouleversement décrit « comme une défaite du ministère de l’agriculture, réduit aux questions purement agricoles et alimentaires » d’après Daniel Perron par ailleurs spécialiste des politiques forestières et agricoles, est passablement accueilli au sein de l’opinion.

L’association de défense des forêts Canopée y voit selon sa réaction auprès du Monde, « un signal très positif », espérant que cette nouvelle tutelle permettra de rééquilibrer les priorités en faveur de la préservation des écosystèmes.

Le Syndicat des énergies renouvelables exprime notamment ses craintes quant à l’avenir de la filière bois-énergie, redoutant que la priorité donnée aux questions environnementales ne compromette la valorisation économique des ressources forestières.

Quant aux acteurs économiques de la filière, dont la Fédération des syndicats de forestiers privés Fransylva et l’interprofession nationale France Bois Forêt, ils gardent pour l’heure un silence de plomb.

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