Le Brésil accueille depuis lundi à Salvador de Bahia une réunion de l’ONU sur le changement climatique, en pleine polémique sur la préservation de l’Amazonie. La semaine dernière, l’Allemagne et la Pologne ont suspendu leur contribution au Fonds Amazonie, en signe de protestation contre la déforestation de ce poumon vert de la planète.
Une réunion sur le climat au pays de Jair Bolsonaro
Depuis lundi 19 août, se tient à Salvador de Bahia (littoral est du Brésil), une réunion régionale sur le changement climatique coordonnée par l’ONU. Plus de 3.000 personnes (responsables politiques, membres d’ONG, représentants d’organisations internationales) venues de 26 pays, prennent part, jusqu’à vendredi, à cette rencontre intitulée « Semaine du climat d’Amérique latine et de la Caraïbe ». Les débats se concentreront sur les mesures à prendre pour renforcer les engagements nationaux devant permettre de respecter les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat. Celui-ci prévoie notamment de limiter le réchauffement mondial à 1,5 degré.
La réunion de Salvador de Bahia vise à préparer le sommet de l’ONU sur le changement climatique, qui aura lieu le 23 septembre à New York, ainsi que la conférence sur le climat (COP25), qui se tiendra en décembre à Santiago du Chili (le Brésil a refusé d’accueillir ce sommet). Elle intervient en pleine polémique sur la préservation de l’Amazonie après les prises de position controversées du président d’extrême droite Jair Bolsonaro.
L’Amazonie se réduit à vue d’œil
Le chef de l’Etat brésilien, ouvertement climato-sceptique, est accusé d’inciter à la déforestation de la forêt amazonienne. Il encourage notamment l’exploitation des ressources naturelles dans les aires protégées et les réserves indigènes. Jair Bolsonaro estime que ne pas exploiter les terres indigènes constituerait une entrave à l’économie brésilienne. Il voudrait donc transformer l’Amazonie en une immense culture de soja. Depuis son accession au pouvoir, plusieurs lobbies de l’agrobusiness brésilien auraient mis pied dans le Nord de l’Amazonie. Résultat de cette politique anti-environnementale : la déforestation de l’Amazonie en juillet a été quasiment quatre fois supérieure au même mois de 2018, selon l’Institut national de recherche spatiale (INPE).
«La Norvège, ça n’est pas ce pays qui tue des baleines là-haut, au Pôle Nord? »
En réaction contre cette agression du poumon vert de la planète, l’Allemagne et la Norvège, principaux contributeurs du Fonds Amazonie, ont temporairement suspendu leurs aides au Brésil. Mais Jair Bolsonaro en a cure du blocage des subventions. Il a écrit sur twitter : «La Norvège, ça n’est pas ce pays qui tue des baleines là-haut, au Pôle Nord? Qui y exploite du pétrole aussi? Ce n’est pas du tout un exemple pour nous. Qu’ils gardent leur argent et qu’ils aident Angela Merkel à reboiser l’Allemagne».
Plus lucide et plus soucieux de l’environnement, les gouverneurs des États amazoniens du Brésil ont critiqué les initiatives du gouvernement qui ont conduit à cette suspension. Ils ont proposé en outre de « dialoguer directement » avec les pays finançant le Fonds Amazonie.