Le cri d’alarme d’ArcelorMittal pour la sauvegarde de l’acier vert

L’entreprise de métallurgie appelle à plus de soutien de la part de l’Europe dans le cadre de la transition écologique du secteur.

Dans une intervention qui devrait sans doute retentir dans les murs de la Commission européenne à Bruxelles, le leader mondial de la sidérurgie ArcelorMittal a lancé ce jeudi 6 février 2025, un appel pressant aux responsables de l’Union : « aidez-nous ou nous risquons de péricliter ».

« L’industrie sidérurgique européenne est sous une pression significative. Nous faisons face à des coûts élevés, certains imposés, et à une concurrence déloyale des importations. L’industrie a besoin de soutien« , a déclaré à Reuters, le directeur financier Genuino Christino, pointant notamment la Chine.

L’Empire du Milieu, fort de sa position de leader mondial du secteur avec 55 % de la production, dispose de stocks d’aciers à revendre. Ils en exportent de fait de plus en plus sur le marché européen tout en cassant les prix, quitte à perdre de l’argent dans le processus.

« La diminution des profits a forcé les industriels à augmenter encore leur production et à vendre davantage de produits à prix réduit, afin de générer des liquidités pour rembourser leurs dettes », analysait la chercheuse Zongyuan Zoe Liu, dans un article de la revue américaine Foreign Affairs, en août 2024.

Le dilemme de la transition verte

Cette situation a de quoi mettre en péril la survie économique des entreprises européennes de même que leurs ambitions environnementales. D’autant que les normes écologiques mises en place par l’Union européenne (UE) sont perçues par les acteurs de l’industrie davantage comme punitives que favorables à la transition.

La suspension partielle du plan de décarbonation d’ArcelorMittal en Europe, annoncée en novembre dernier, illustre parfaitement le paradoxe auquel fait face cette industrie stratégique à plus d’un titre. Alors que la demande théorique pour l’acier vert existe, les réalités économiques freinent sa concrétisation.

D’après Reuters, les coûts énergétiques prohibitifs, combinés aux incertitudes politiques et à une demande globale atone, créent un environnement peu propice aux investissements nécessaires à la transition écologique.

Pour une réponse coordonnée et ambitieuse

Par ailleurs, avec seulement 400 000 tonnes d’acier vert vendues sur un total de 28,7 millions de tonnes, la production d’acier décarboné ne représente qu’environ 1,4% des ventes totales en Europe.

Cette proportion minime, malgré la croissance des ventes, souligne les difficultés d’ArcelorMittal à imposer son acier vert sur un marché encore largement dominé par l’acier traditionnel, principalement en raison de son prix plus élevé.

La situation appelle une réponse coordonnée et ambitieuse de la part des institutions européennes. D’autant que les enjeux dépassent largement le cadre de la simple compétitivité économique. Il s’agit de préserver une industrie gage de souveraineté tout en assurant sa transformation écologique.

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