Les femmes victimes de violences sexistes et sexuelles portent rarement plainte en raison de l’indifférence et des préjugés sociaux. Pour les encourager à pousser la porte des commissariats, une association a créé un « plaintomètre ». Il s’agit d’un outil d’autoévaluation pour les victimes.
Chaque année, des dizaines de milliers de femmes sont victimes de violences sexistes et sexuelles. Mais rares sont celles qui osent porter plainte. Selon une enquête de l’Ined de 2016, seules 6 % franchissent ce cap. Et les raisons sont multiples : l’indifférence des policiers, la honte, la peur de ne pas être crues ou entendues, d’être stigmatisées, de voir la situation se retourne contre elles, etc.
Huit plaintes sur dix pour violences sexistes et sexuelles classées sans suite
Et même pour les femmes qui prennent leur courage à deux mains, il n’y a aucune garantie d’obtenir satisfaction. En effet, 80% des plaintes pour violences faites aux femmes sont classées sans suite. Or l’accueil et l’enregistrement de la plainte par les forces de l’ordre constituent une étape importante dans la reconnaissance des faits. Cette situation injuste a interpellé l’association Femmes solidaires.
Le plaintomètre informe les femmes et les prépare au dépôt de plainte
Cette organisation a créé en 2018 un plaintomètre pour que davantage de victimes poussent la porte des commissariats. Cet outil d’autoévaluation permet de mesurer si le dépôt de plainte se fait de la bonne manière et dans le respect de la loi. Il prépare les femmes à faire valoir leurs droits en face des policiers grâce notamment à des rappels de la loi trop souvent méconnue.
L’outil compte 22 indicateurs repartis en trois catégories
Le « plaintomètre » se présente comme une liste de 22 indicateurs, sous forme de pastilles, avec des couleurs qui partent du rose pâle au rouge. Ces indicateurs sont repartis en trois catégories. A savoir « Jusque-là tout va bien, je suis entendue », « Sois vigilante, fais attention si » et « Rien ne va plus, ne reste pas seule ». Ces phrases permettent d’évaluer si les agents de force de l’ordre ont fait correctement leur travail. Le « plaintomètre » est accessible en format de poche pour faciliter son utilisation.
Le plaintomètre n’a pas été créé contre les forces de police
Femmes solidaires précise que son « plaintomètre », également outil de prévention, n’a pas pour but d’accabler les forces de police ou la gendarmerie. Il vise simplement à rendre la plainte plus efficiente, à faire avancer dans l’écoute ainsi que dans la recherche des éléments de l’enquête. D’ailleurs, l’association félicite la police, qui s’engage de plus en plus pour la libération de la parole.
La police lutte ausi contre les violences sexistes et sexuelles
La police procède notamment à la formation continue de ses agents. Elle a surtout mis en place récemment des dispositifs pour rassurer et faciliter le dépôt de plainte. Comme « le tableau accueil confidentialité » placé à l’entrée pour évaluer la prise en charge au commissariat. Il y a aussi le dépôt de plainte à l’hôpital ou dans les maisons des femmes, et la plateforme numérique d’accompagnement des victimes (Pnav).