Nosopharm est proche de commercialiser son vaccin contre l’antibiorésistance chez les agents pathogènes à gram, responsables des infections nosocomiales. Après les résultats positifs de tests BPL, l’entreprise biotech passe aux essais cliniques chez l’être humain. Pour réaliser cette dernière étape, elle doit lever de nouveaux fonds. Une tache pas si facile pour le marché de l’antibiotique.
L’antibiorésistance fait chaque année plus d’un million de morts dans le monde. Soit plus que le Sida et le paludisme. Encore qu’on n’y ait pas inclus les décès indirects, sinon elle atteindrait plus de quatre millions de victimes. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui la qualifie d’épidémie silencieuse, la résistance aux antibiotiques devrait causer 10 millions de décès dans le monde à l’horizon 2030. Donc autant que le cancer actuellement. C’est à juste titre qu’elle fait partie des dix principales menaces pour l’Humanité.
Les antibiotiques suscitent peu d’intérêt dans le monde pharma
L’OMS a appelé le monde scientifique a développé d’urgence un nouveau traitement, de préférence avec un nouveau mode d’action pour prendre au dépourvu les superbactéries. Depuis cet appel, les chercheurs du monde entier multiplient les travaux. Mais les groupes pharmaceutiques ne s’investissent pas beaucoup dans cette quête. En cause, le manque d’investissements. L’antibiotique est considéré comme le parent pauvre de la pharmacologie. Il suscite moins d’intérêt qu’un médicament en oncologie, par exemple.
Produire des antibiotiques, un parcours de combattants
Cela est notamment dû au fait la procédure de commercialisation prend du temps. Les entreprises doivent d’abord passer par toutes les phases de prises d’antibiotiques avant de donner leur vaccin à un patient. Sans compter les nombreux tests nécessaires et les défis scientifiques énormes puisque les bactéries sont de plus en plus ingénieuses pour contourner les nouvelles défenses. Faute de financements donc, beaucoup de groupes pharma jettent l’éponge.
Nosopharm réussit à attirer les investisseurs
Toutefois, certaines entreprises ont réussi à lever des fonds pour financer leurs recherches. C’est le cas de Nosopharm, une startup nîmoise créée en 2009 et aujourd’hui basée à Lyon. Cette entreprise de biotechnologie innovante a levé à ce jour 5,9 millions d’euros en capital privé et reçu 8,7 millions d’euros d’aides publiques. Et oui, les organismes publics aussi se mobilisent pour enrayer l’antibiorésistance face à l’émergence des maladies infectieuses, avec notamment le Covid-19.
Un antibiotique redoutable bientôt sur le marché
Nosopharm a mis au point Noso-502, un antibiotique first-in-class destiné à combattre les agents pathogènes à gram, responsables des infections nosocomiales. Ce vaccin nouveau a été conçu à partir de Photorhabdus et Xenorhabdus, deux bactéries du sol inexploitées mais détenant un gros potentiel pharmaceutique. Selon les résultats positifs d’études BPL (bonnes pratiques de laboratoire) publiées en juin 2022, Noso-502 a montré une efficacité redoutable contre les agents pathogènes à gram.
Des essais cliniques chez l’Homme attendus
En particulier contre Klebsiella pneumoniae, Escherichia coli et Enterobacter spp, qui possèdent les souches les plus résistantes aux antibiotiques. Fort de ces résultats, Nosopharm a annoncé en fin d’année dernière la prochaine étape de son projet. A savoir le lancement des essais cliniques chez l’être humain. Pour réaliser cette dernière phase décisive, la pharma antimicrobienne a besoin de fonds. Elle a donc confié la mission à son nouveau conseil de surveillance d’opérer un tour de table.
Un plan gouvernemental des médicaments
Peu après, en mars 2023, Nosopharm a été sélectionné pour intégrer la French Tech Health20. Ce programme vise à accompagner les startups innovantes en matière de santé. Il permettra à Nosopharm d’accéder aux réseaux de financements dans le monde entier. Par ailleurs le groupe pourrait profiter du plan gouvernemental annoncé en juin 2023. Emmanuel Macron prévoit un investissement de 160 millions d’euros dans les médicaments, dont les antibiotiques, pour gagner la souveraineté pharmaceutique de la France.