Le soleil se couche sur l’Amérique

Les défenseurs des énergies vertes dénoncent l’adoption par la Chambre des représentants de la nouvelle loi budgétaire de Trump, qui torpille les crédits d’impôt accordés à leur secteur et compromet la transition énergétique américaine.

« Un revirement dramatique de la politique fédérale, perturbant les investissements de bonne foi des entreprises américaines qui alimentent notre économie et créent des centaines de milliers d’emplois ». C’est ainsi que l’American Clean Power (ACP) décrit le One Big Beautiful Bill (grande et belle loi) de Donald Trump.

La nouvelle loi de réconciliation budgétaire a été promulguée vendredi 4 juillet par le chef de l’État américain, non sans triomphalisme, après son adoption in extremis la veille à la Chambre des représentants par 218 voix contre 214. De quoi marquer un virage radical dans la politique énergétique fédérale.

Au cœur des inquiétudes des défenseurs des énergies propres figure la suppression drastique des crédits d’impôt pour l’investissement dans le secteur. Instaurée en 2022 par la loi sur la réduction de l’inflation du précédent président Joe Biden, cette mesure visait à favoriser le développement des énergies renouvelables et de l’industrie verte aux États-Unis en offrant des incitations fiscales de 30%.

Les renouvelables aux orties, les fossiles plébiscitées

Les projets solaires et éoliens, initialement prévus jusqu’en 2032, figurent parmi les secteurs concernés. Un coup dur pour les développeurs qui comptaient financer leurs investissements grâce à ce dispositif.

Selon Reuters, Energy Innovation, think tank spécialisé dans les politiques énergétiques et climatiques, prédit en conséquence une chute vertigineuse de 300 gigawatts de capacité électrique américaine, alors même que la demande explose pour la première fois depuis deux décennies, dopée par les besoins de l’intelligence artificielle.

L’American Clean Power estime que ces infrastructures nécessiteront à elles seules plus de 100 gigawatts supplémentaires. Le timing ne pourrait donc être plus catastrophique pour l’industrie propre, même si le nucléaire et la géothermie, sources privilégiées pour leur capacité à fournir une électricité stable, conservent un meilleur accès aux crédits.

Les projets de stockage par batteries maintiennent également leur crédit d’impôt intégral jusqu’en 2033, avec une suppression progressive d’ici 2036. Les énergies fossiles, à l’instar du charbon, devraient néanmoins faire leur grand retour.

Les États progressistes à la rescousse ?

Mike Sommers, patron de l’American Petroleum Institute, salue ainsi dans les colonnes de Reuters l’avancement de « l’agenda de domination énergétique » de Trump visant à maximiser la production d’hydrocarbures.

Quant à Rich Nolan de la National Mining Association, il se réjouit du soutien présidentiel à « l’industrie minière d’aujourd’hui qui est prête à créer des emplois et des revenus supplémentaires pour notre économie ». Une rhétorique qui élude le fait que la science et l’urgence climatique commandent d’abandonner les énergies fossiles.

Dans ce contexte de retour en arrière sur la politique d’énergie verte des États-Unis, les acteurs du secteur misent désormais sur les échelons locaux. Daniel Francis, directeur chez Generate Capital, anticipe notamment un transfert des décisions « du Congrès vers les États, les comtés et les villes » pour continuer à développer les énergies propres.

« Les économies fonctionnent à l’électricité, les électeurs se soucient de leurs factures d’électricité, et il n’y a pas d’alternative« , indique-t-il, d’après l’agence de presse britannique.

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