En 2022, l’absentéisme maladie a atteint son plus haut niveau depuis 2016. En effet, 50% des salariés ont arrêté au moins une fois dans l’année. Les managers sont particulièrement concernés.
L’absentéisme au travail progresse en France. D’après la 8e édition du Baromètre Absentéisme de Malakoff Humanis, dévoilé le 1er juin, 50% des salariés ont été arrêtés au moins une fois en 2022, contre 41% en 2021. C’est le niveau le plus élevé depuis que le groupe paritaire mesure cet indice (2016).
Les maladies ordinaires, principale cause des arrêts
En 2022, l’organisme a également noté une nette augmentation des arrêts multiples. En effet, 45% des salariés ont été arrêté au moins 2 fois au cours des 12 derniers mois, contre 41% en 2021. Les maladies ordinaires ont constitué la principale cause des arrêts (28%), toutes durées confondues. Elles devancent le Covid (17%), les troubles psychologiques (15%) et les troubles musculosquelettiques (13%).
Mais les troubles psychologiques sont la première raison des arrêts longs avec 32% des cas. Pour ce qui concerne la durée moyenne des arrêts longs, tous motifs confondus, elle a progressé de 97 à 111 jours. En outre, Malakoff Humanis relève que l’absentéisme touche plus particulièrement les 50 ans et plus (41%, +7 points), les personnes avec enfants à charge (53%, + 6 pts), les femmes (55%, + 7 pts) et les salariés du secteur de la santé et de l’action sociale (63%, + 10 pts).
Les managers vivent un mal-être
Mais le groupe paritaire a enregistré les plus fortes progressions chez les jeunes salariés (58%, +12 pts) et les managers (53%, +13 pts) comme dans le précédent baromètre. Ces derniers se disent stressés au travail (50% vs 38% pour les non-managers) à cause des nouvelles formes de travail (télétravail, travail hybride, etc.). Ils pointent aussi une plus grande difficulté à gérer les priorités (54%) et un fort empiètement de la vie professionnelle sur la vie privée (55%).
Dans un tel contexte, les managers sont plus nombreux à consulter un psychologue ou un psychiatre (13% vs 7% pour les non managers) afin de gérer leur mal-être. Ils montrent également des signes de désengagement plus forts. Car 45% d’entre eux seraient prêts à prendre un arrêt maladie même sans tomber malades. Pis, 36% reconnaissent ne pas s’investir pleinement dans leurs tâches. Ce comportement pourrait déboucher sur une vague de démission. Une source d’inquiétude donc pour les chefs d’entreprise.
Miser sur la prévention et l’accompagnement
Pour éviter ce désengagement massif, 79% des patrons interrogés par Malakoff Humanis (65% un an plus tôt) ont mis en place au moins un dispositif de prévention et d’accompagnement des arrêts maladie. Selon les salariés, cette prévention de l’absentéisme devrait passer par une évolution de l’organisation du travail (34%). Ils s’accordent cependant pour dire qu’il faudra aussi une plus grande implication de leur part dans les orientations de l’entreprise.
Malgré cette prise de conscience, 27% des dirigeants anticipent une augmentation des arrêts maladie dans les deux années à venir. Ils imputent cette dégradation potentielle à la hausse des situations de fragilité des salariés. Également interrogés par Malakoff Humanis, les médecins du travail et les médecins traitants plaident pour un meilleur dialogue entre les différentes parties. Ce dialogue devrait prioriser l’accompagnement des fragilités sociales (61%), la prévention santé (50%), l’amélioration de l’accès aux soins (66%) et l’accélération du retour durable au travail.