Vendredi soir, on n’avait trouvé aucun accord pour définir les règles d’application de l’accord de Paris. Ce serait faute d’une présidence forte exercée par le Chili. La prolongation se joue ce samedi, entre les 200 pays participants, pour ne pas rentrer bredouille.
« C’est la COP des pleurs »
Cette COP à Madrid devait être celle de « l’ambition ». Malheureusement, jusqu’à vendredi 13 décembre, les discussions coinçaient. L’état d’esprit lors des dernières heures de la COP25 ne laissait présager rien de bon. « On en est à un point ou si l’on n’obtient aucun résultat, ce serait moins pire que le retour en arrière que proposent certains pays », avait indiqué une source dans une délégation européenne. Pis, d’autres participants ont estimé que « C’est la COP des pleurs ».
Si les négociations coincent à qui la faute ? Le Chili apparemment. « La présidence est extrêmement faible », observe un membre de la délégation européenne bien connecté avec les participants latino-américains, qu’il dit prodigieusement agacés. « Les pays en développement reprochent habituellement leur inaction aux pays développés. Cette fois-ci, ils ont la présidence, et ils observent que le Chili n’en fait rien!», constate-t-il.
La présidence du Chili mise en cause
Le Chili devait initialement accueillir le sommet, mais à cause de la situation socio-politique, il a été délocalisé à Madrid, en Espagne. Malgré tout, les participants auraient bien aimé que Teresa Ribera, la ministre espagnole de la Transition écologique, orchestre les négociations car elle jouit d’un très grand respect de ses pairs et même de la société civile.
« Elle maîtrise les sujets, comprend les responsables politiques, et c’est une très bonne négociatrice », vante Adlen Meyer, directeur de stratégie de l’Union of Concerned Scientists. Mais la capitale espagnole ne peut remplacer Santiago. « Ribera n’enfreindra pas l’une des règles de base de ces conférences, indique Jennifer Tollmann, conseillère au think-tank E3G, on n’affaiblit pas la présidence.».
Les ONG auraient aussi aimé que Paris ou l’Union africaine, dont l’autorité morale reste grande quatre ans après la COP21, exerce davantage ses responsabilités en l’absence des Etats Unis. Mais il y a eu un silence de ce côté-là. Par exemple, les organisateurs ont noté l’absence d’Emmanuel Macron, ainsi que la présence une seule journée de la ministre de la Transition écologique.
Certains pays opposés au reversement des crédits issus des accords de Kyoto
Les discussions ont achoppé sur la définition des règles d’application de l’article 6 de l’accord de Paris, qui doit organiser un marché mondial du carbone. Les pays les plus volontaristes veulent mettre fin à la double comptabilité des réductions d’émissions. Autrement dit, une fois dans le pays qui la réalise effectivement et une seconde dans celui qui finance l’opération pour compenser ses niveaux de pollution. Ils veulent également surveiller le reversement des crédits issus des accords de Kyoto, parfois mal contrôlés, dans le nouveau marché carbone. Mais plusieurs pays, dont l’Australie, le Brésil et les États-Unis rejettent cette option.