Plus rigide que le Kevlar et huit fois plus résistante à la traction que l’acier, la nanocellulose serait l’avenir de l’industrie. Elle est présentée comme une alternative écologique aux matériaux non renouvelables. De plus, elle abonderait dans la nature puisqu’elle peut être extraite des plantes, du papier et même des déchets industriels.
« La nanocellulose, c’est biodégradable »
« Un énorme potentiel : c’est le futur de l’emballage et de la cosmétique (…) Vous en aurez partout d’ici moins de dix ans », s’enthousiasme Karim Missoum, PDG d’Inofib, une start-up issue du pôle de recherche Grenoble INP étudiant les applications possibles. La nanocellulose est au cœur de toutes les attentions depuis environ une décennie. Extraite de plantes ou de papier, et plus légère et résistante que l’acier, la nanocellulose est présentée comme un matériau prometteur aux applications industrielles variées. Les recherches n’en sont encore qu’à leur début, mais l’espoir est déjà grand.
En avril, une étude menée par le cabinet de conseil EY pour le ministère de l’Economie, plaçait la nanocellulose parmi les solutions les plus encourageantes pour l’avenir de plusieurs filières dont la chimie et l’industrie du papier. A Grenoble, le Centre technique du papier(CTP) et l’institut technologique FCBA travaillent depuis 2006 sur ce matériau de taille nanométrique (milliardième de mètre).
La nanocellulose est obtenue en libérant des fibrilles de cellulose de la paroi de la fibre papetière, qui s’agglomèrent sous forme de gel. Selon M. Petit-Conil « La nanocellulose, c’est de la cellulose pure, c’est biodégradable, renouvelable, compostable, durable ».
La nanocellulose aiguise les appétits des industriels
Le marché mondial de la nanocellulose est estimé à 285 millions de dollars et devrait plus que doubler pour atteindre 661 millions de dollars en 2023, selon le groupe canadien CelluForce. Face à cette manne financière et aux multiples débouchés générés par la nanocellulose, les entreprises et industries sont de plus en plus nombreuses à se lancer dans son développement. Le laboratoire du CTP a ainsi mis au point une « lamination humide » pour les emballages, avec un film 100 % nanocellulose qu’on dépose à la surface d’un papier ou d’un carton pour en renforcer l’imperméabilité. Le groupe industriel français, Imerys, spécialisé dans les minéraux de haute performance, se consacre lui à la production de composés de microfibre de cellulose broyée avec ses minéraux. Aujourd’hui, l’on compte plus de 63 producteurs à travers le monde, qui se sont investis dans l’étude et le développement de ce matériau.
Le champ des possibles
Les recherches menées sur la nanocellulose garantissent qu’elle permettra de fabriquer des pièces légères de voitures et d’avions, renforcer les matériaux de construction, constituer des greffes pour vaisseaux sanguins et des implants médicaux, ou encore composer des systèmes électroniques high-tech et des matériaux d’emballage durables. Elle pourrait en outre renforcer le papier, le carton, le béton et le plastique, ainsi qu’améliorer les qualités des mousses et des gels, des textiles et des colles.