Les rejets de dioxyde de carbone du géant espagnol de la mode n’ont pas varié en 2024 malgré le recours accru au transport aérien, plus polluant que le fret maritime.
Les émissions globales de gaz à effet de serre d’Inditex sont restées stables durant l’année écoulée, selon les chiffres communiqués ce vendredi 14 mars par la multinationale spécialisée dans la mode et la distribution de vêtements.
À l’origine de ce tableau d’ensemble que certains pourraient qualifier de « surplace », figure la baisse des émissions liées à l’approvisionnement en produits de l’entreprise, sa principale catégorie d’émissions.
Ces émissions liées à la catégorie « biens et services achetés » ont ainsi diminué de 6% d’une année sur l’autre, passant de 7,1 millions de tonnes d’équivalent CO2 à environ 6,7 millions de tonnes. Une telle réduction a été possible grâce à l’achat de textiles ayant un impact environnemental plus faible.
Inditex dit notamment avoir augmenté la proportion de fibres et de matières premières provenant du recyclage de déchets post-consommation, passant de 18% en 2023 à 33% en 2024. Ce qui représente une amélioration substantielle de près de 100% ces 12 derniers mois.
Le transport aérien comme talon d’Achille
Ces bons points dans la chaîne d’approvisionnement de la propriétaire de Zara contrastent avec la hausse des émissions liées au transport, estimée à 10% en 2024 par rapport à la période précédente, passant de 2 378 464 tonnes d’équivalent CO2 à 2 614 230 tonnes.
Reuters croit savoir que c’est la conséquence d’un recours accru au fret aérien. Face aux attaques de navires porte-conteneurs en mer Rouge l’année passée, de nombreux transporteurs maritimes ont délaissé le canal de Suez, comme l’agence de presse britannique l’a rapporté en novembre dernier.
Quitte à emprunter la route bien plus longue de contournement de l’Afrique. Inditex a dû ainsi massivement privilégier l’avion pour acheminer ses produits depuis ses centres de production en Asie (Inde et Bangladesh) vers sa plateforme logistique de Saragosse en Espagne.
Des progrès au point mort
« Le transport maritime et routier reste de loin les méthodes les plus importantes utilisées pour expédier nos vêtements« , a tenté de minimiser un porte-parole de la société en réponse aux questions de Reuters.
Le groupe a également souligné que ses émissions de transport n’ont augmenté que de 24% entre 2018 et 2024, une progression bien inférieure à celle de ses ventes qui ont bondi de 47% sur la même période.
Le bilan global reste tout de même préoccupant, car Inditex n’a réalisé aucun progrès vers son objectif de réduction des émissions indirectes, fixée à moins 51% d’ici 2030 et de 90% d’ici 2040, par rapport aux niveaux de 2018.
Ces émissions dites de « scope 3 » s’élevaient à 13 427 762 tonnes d’équivalent CO2, soit une légère augmentation par rapport au niveau de 2018 estimé à 13 421 935 tonnes.