Le principal dirigeant de la major pétrolière texane n’apprécie pas l’idée que son agenda soit tributaire du pouvoir en place à la Maison Blanche.
Dans une sortie faite en marge de la COP 29 actuellement en cours dans la capitale azerbaïdjanaise de Bakou, Darren Woods, PDG d’ExxonMobil, a dit son opposition à la perspective d’une nouvelle sortie des États-Unis de l’Accord de Paris sur le climat.
Le président fraîchement élu, Donald Trump, prévoit en effet de rompre avec ce pacte au nom de l’Amérique conformément à son engagement maintes fois réitéré ces derniers mois au cours de la campagne électorale.
Une telle initiative viendrait s’ajouter à une autre similaire, entreprise entre 2016 et 2020 lors de son premier mandat. Avant que son successeur démocrate Joe Biden ne rétablisse les USA dans cet accord dès 2021. Pour Darren Woods, un tel jeu de « yo-yo » n’est pas profitable aux intérêts commerciaux.
« Les allers-retours créent beaucoup d’incertitude pour les entreprises« , a-t-il notamment déclaré, mardi 12 novembre, au Wall Street Journal (WSJ), ajoutant que cela pourrait mettre à mal les efforts visant à contrer les effets du changement climatique.
Les enjeux cachés de la bataille
« Nous ne laissons pas les agendas politiques guider nos décisions commerciales et d’investissement« , a-t-il par ailleurs poursuivi, suggérant que ce positionnement pro-climat reflète également des enjeux financiers. Exxon a toujours soutenu l’Accord de Paris de même que certaines politiques entrant dans le cadre de la transition énergétique.
Un virage résolument vert pour l’un des plus pollueurs de la planète. Un titre peu glorieux qui vaut au groupe d’être assigné un peu partout dans le monde afin d’assumer sa responsabilité dans l’état actuel du climat.
Selon l’analyste Paul Sankey cité par le WSJ, le plaidoyer de Darren Woods témoigne de l’approche des grandes groupes pétroliers résolus à ne pas voir toute leur stratégie chamboulée d’un simple décret, fut-ce présidentiel.
La guerre des stratégies énergétiques
Certains observateurs, à l’instar de Myron Ebell, stratège conservateur impliqué dans la première transition de Donald Trump, suggèrent auprès du Wall Street Journal, que les grandes entreprises plaident pour la réduction des émissions en partie pour maintenir les prix du pétrole à un niveau suffisamment élevé.
Il reste à se faire entendre de Trump, en proie à un lobbying intense des milieux pro-combustibles fossiles. Outre certains de ses donateurs affiliés à l’industrie du pétrole, le prochain locataire de la Maison Blanche est entouré de personnalités climatosceptiques notoires.
Le WSJ cite à cet effet le gouverneur du Dakota du Nord, Doug Burgum, Chris Wright, PDG de la société de services pétroliers Liberty Energy ou encore le milliardaire prospecteur Harold Hamm. Certains sont d’ailleurs pressentis à des postes de responsabilité dans la future administration fédérale.