Les communautés noires d’Amérique latine plaident pour une pleine reconnaissance internationale de leur contribution dans la préservation de l’environnement.
Alors que le monde se réunit à Cali, en Colombie, depuis le 21 octobre et pour une dizaine de jours dans la cadre de la conférence annuelle sur la biodiversité (COP 16), une voix entend se faire entendre : celle des Afro-descendants d’Amérique du Sud.
Cette communauté originaire d’Afrique à travers leurs ancêtres amenés dans la région en qualité d’esclaves entre le XVIe et le XIXe siècle, milite en effet pour faire reconnaître sa contribution dans le maintien de la biodiversité, en marge des travaux.
Cette initiative portée par le Brésil et la Colombie pourrait transformer la perception des communautés concernées longtemps en proie à une certaine marginalisation malgré leur témoignage si précieux pour comprendre les liens complexes entre les êtres humains et leur environnement.
« Les descendants d’esclaves et des peuples autochtones sont des acteurs de la conservation de la nature. En fait, ce sont des acteurs de la conservation de notre planète », déclare la ministre de l’Égalité raciale du Brésil Anielle Franco, une des actrices du plaidoyer à l’agence Reuters.
Les gardiens méconnus de la nature
Cette dernière incarne avec sa collaboratrice Francia Marquez, première vice-présidente colombienne d’origine africaine, la vision progressiste de cette revendication historique. Depuis des générations, les communautés noires d’Amérique latine, d’Afrique ou des Caraïbes entretiennent un rapport étroit avec leur écosystème.
Grâce à des pratiques culturales ingénieuses et respectueuses de l’environnement, elles ont su préserver des zones de biodiversité d’une richesse inouïe. John Anton Sanchez, chercheur au sein du Processus des Communautés Noires (PCN), estime ainsi auprès de l’agence de presse britannique, à plus de 80% la proportion de terres « sauvée ».
« Nous avons lutté contre tout un système qui voulait extraire et épuiser les ressources naturelles« , abonde Marino Córdoba, représentant de l’organisation colombienne AFRODES, toujours cité par Reuters.
Un enjeu d’extrême importance
Un constat que partage Laura Valentina Rojas, jeune militante présente à la COP16, dans les colonnes de l’agence de presse : « Nous faisons cela depuis plus de 200 ans, depuis l’arrivée de nos ancêtres comme esclaves en Colombie. Nous comprenons ce territoire comme notre vie, nous l’aimons et nous le défendons« .
La proposition encourage les parties à cette Convention des Nations Unies sur la diversité biologique à intégrer les connaissances traditionnelles de ces communautés dans leur prise de décision et à protéger leurs territoires.
Il s’agit d’un enjeu de taille alors que seuls 80 000 kilomètres carrés des terres occupées par les afro-descendants bénéficient aujourd’hui d’une protection officielle de leurs gouvernements, selon John Anton Sanchez.
C’est une infirme partie des deux millions de kilomètres carrés de terres sur lesquelles cette communauté se base, toujours ce spécialiste.