Obsolescence programmée : la voiture sur les traces du téléphone

Après la téléphonie mobile, l’obsolescence programmée s’étend au secteur automobile. C’est ce que constate l’association française HOP, qui vient de lancer une alerte à ce sujet. Elle reproche aux constructeurs de rendre les batteries difficiles voire impossibles à réparer ou remplacer.

On sait depuis quelques années que les téléphones portables et les téléviseurs ne durent plus. C’est comme si on leur avait fixé une date de péremption, au-delà de laquelle surviennent mille et une pannes. Dans le milieu informatique, cette roublardise des industriels s’appelle « l’obsolescence programmée ». Elle consiste, pour les fabricants, à programmer la « mort » de leurs produits pour pousser les utilisateurs à acheter de nouveaux appareils.

Les voitures victimes d’obsolescence programmée

Cette pratique dénoncée par les associations de consommateurs et les législateurs s’étend progressivement au secteur automobile, qui faisait pourtant figure d’exemple en matière de durabilité. C’est ce qu’a constaté l’association HOP (Halte à l’Obsolescence Programmée), qui a lancé une alerte à ce sujet dans un nouveau rapport publié le mercredi 17 avril. L’organisation relève que les voitures sont de moins en moins chères, mais également de moins en moins réparables.

HOP remet en cause plusieurs pratiques de l’industrie auto

Dans son document, HOP dénonce le fait que l’automobile ressemble de plus en plus à un équipement électrique et électronique. L’association a l’impression de voir un smartphone sur roues. Elle pointe en particulier la miniaturisation et la sérialisation, l’obsolescence logicielle et matérielle, la complexification des réparations et l’indisponibilité des pièces détachées. Ces contraintes conduisent l’industrie automobile vers le développement de « voitures jetables ».

Inaccessibilité des batteries

Dans un premier temps, Halte à l’Obsolescence Programmée regrette que certains constructeurs de véhicules électriques optent pour des batteries non réparables et remplaçables en cas de défaillance. La marque Tesla, notamment, serait spécialisée dans cette combine. Elle a l’habitude d’intégrer des kilos de mousse rose qui emprisonnent des batteries dans un bloc irréparable. Mais, l’entreprise américaine n’est pas seule ; la moitié des constructeurs feraient de même.

Moulage d’un bloc pour empêcher de démonter l’accumulateur

HOP appelle à stopper ce procédé car la batterie, bien plus que le moteur, constitue le cœur des voitures. En effet, cette pièce représente 40 % de leur valeur. Les automobilistes préfèrent donc payer une nouvelle voiture que de dépenser beaucoup d’argent pour remplacer la bactérie. Mais les fabricants n’en ont pas fini avec eux car ils font également du giga-casting, considéré par HOP comme un gros gâchis. Cette technique industrielle consiste à mouler d’un bloc de nombreuses pièces du véhicule, dans le but de réduire les coûts de production.

Tesla et le chinois BYD, rois de l’obsolescence programmée

Cette stratégie d’optimisation rend difficile le démontage de la voiture par les garagistes parce qu’il faut changer toute la structure pour remplacer une simple pièce usagée. Ce qui augmente considérablement le prix de la réparation et oblige à jeter une grande partie du véhicule après un choc. Et c’est toujours le consommateur qui paie pour tout ça, pas les constructeurs. Tesla (encore) et le chinois BYD utilisent beaucoup le giga-casting dans leurs automobiles.

Refus des pièces non montées en usine

Autre problème relevé par HOP, l’impossibilité de réparer son véhicule avec des pièces détachées ou génériques. Comme Apple dans la téléphonie mobile, de nombreux constructeurs refusent des greffes de pièces non montées en usine. Pour effectuer un changement, il faut absolument obtenir leur aval ou des homologations. Enfin, notons le risque d’obsolescence logicielle de véhicules très fortement numérisés. Il faut chaque fois faire des mises à jour ou passer à la nouvelle version de la voiture.

Des mesures pour lutter contre l’obsolescence programmée

Pour contrer la culture de la fast-fashion dans le secteur automobile, HOP appelle les législateurs à mieux encadrer le marché. L’organisation compte les y aider, avec une série de mesures. Elle recommande notamment l’intégration de normes de durabilité et de réparabilité des batteries à l’échelon européen, et la mise en place d’une garantie de démontabilité des véhicules ou d’un indice de réparabilité. Aussi, HOP conseille de lever les obstacles à l’usage de pièces de réemploi et de lutter contre la menace d’obsolescence logicielle.

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