Un tribunal néerlandais vient d’ordonner à la compagnie pétrolière de réduire ses émissions de carbone de 45 % d’ici 2030. Un combat porté par un groupe de défenseurs de l’environnement et qui pourrait faire tache d’huile ailleurs dans le monde.
Aux Pays-Bas, la justice se pose désormais en garant du respect de l’environnement. Et son couperet est prêt à tomber sur ceux qui rechignent à honorer leurs engagements. Qu’importe qu’ils soient des majors pétrolières. La Royal Dutch Shell vient d’en faire l’amère expérience. À travers un jugement rendu mercredi 26 mai dernier, un tribunal de La Haye a en effet condamné la firme anglo-néerlandaise à revoir à la hausse ses ambitions climatiques de façon à atteindre une réduction des émissions de CO2 de l’ordre de 45 % d’ici 2030. Ceci conformément à la feuille de route tracée par l’Accord de Paris en 2015.
Un objectif de décarbonation que Shell ne semblait pas se préoccuper jusque-là. Le groupe pétrolier estime en effet qu’il revient aux gouvernants des Pays-Bas d’impulser la dynamique nécessaire vers la transition écologique. Il a opposé par conséquent au tribunal ses efforts de réduction carbone chiffrés à 30 % d’ici 2035, et à 65 % d’ici 2050. Des mesures insuffisantes pour la justice qui a tranché en faveur de la partie plaignante.
Décision historique
Ces plaignants sont constitués en majorité d’ONGs de défense de l’environnement. L’action judiciaire portée par Milieudefensie, branche néerlandaise des Amis de la Terre, a été baptisée « le peuple contre Shell » en raison de l’adhésion massive suscitée dans le rang de la population. En effet, pas moins de 17 000 Néerlandais s’y sont joints en se constituant partie civile dans ce dossier dont la genèse remonte à 2019. Milieudefensie accuse notamment la multinationale de ne pas en faire assez pour le climat alors que ses activités contribuent à dégrader très rapidement la planète.
L’annonce du verdict contre lequel Shell peut toujours faire appel a suscité le satisfecit des ONGs. Il a été salué à travers le monde au regard de son caractère historique. C’est en effet la première fois qu’un tribunal contraint un groupe pétrolier à se conformer à ses engagements de baisse de carbone. Un combat assimilable à celui entre David et Goliath.
Changement de rapport de force ?
À l’image de Shell, les mastodontes industriels des énergies fossiles ont longtemps fait la pluie et le beau temps, jetant aux orties le respect de l’environnement. Mais de nombreuses personnes veulent espérer que ce temps est désormais révolu. D’autant que cette décision du tribunal de La Haye pourrait en inspirer bien d’autres.