À la tête d’une exploitation d’élevage familiale transmise depuis cinq générations, Stefan Erasmus utilise ses moutons pour restaurer les terres dégradées par le surpâturage et capturer le carbone dans le sol.
« Quand on développe une passion pour les animaux, on développe aussi de l’amour, et avec cet amour vient une productivité accrue« . Ces mots rapportés par Reuters résument parfaitement la philosophie de Stefan Erasmus, un éleveur qui n’est manifestement pas comme les autres.
Pour ce Sud-Africain en charge d’une exploitation familiale d’environ 7 700 hectares, il est possible de maximiser la production de laine et de viande tout en préservant l’écosystème, à travers une stratégie pour le moins ambitieuse de régénération des sols.
Il fait en effet tourner ses troupeaux entre différentes parcelles pour brouter les pâturages, ce qui stimule la croissance des plantes. Le fumier produit, riche en organismes vivants et en carbone, est ensuite réintégré dans le sol pour le fertiliser naturellement et y séquestrer le carbone.
Cette approche régénérative s’inscrit dans un contexte environnemental préoccupant. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’élevage mondial est responsable d’environ un cinquième des émissions anthropiques de gaz à effet de serre (CO2).
Une démarche qui fait écho à l’urgence climatique
L’objectif ultime ? Produire autant de laine que possible – l’Afrique du Sud occupe le 11ᵉ rang mondial en termes de production – et capturer suffisamment de carbone dans les sols pour générer des crédits carbone.
Si certains scientifiques reconnaissent l’intérêt de ces crédits comme outil de restauration écologique dans un contexte de pression internationale accrue pour une productivité économique décarbonée, leur réputation a été écornée par plusieurs scandales où des projets n’ont pas tenu leurs promesses climatiques.
Malgré son potentiel, cette transition vers une agriculture durable se heurte à des défis économiques majeurs. « Il y a normalement une dépense en capital que les agriculteurs doivent assumer, et ils sont souvent incapables de le faire« , pointe Jo-Anne Bester, consultante pour l’Organisation internationale de la laine et du textile, dans les colonnes de Reuters.
Les obstacles au changement
« Le marché du carbone est bien positionné pour nous aider à faire revenir une partie de la richesse des entreprises vers les personnes sur la terre qui peuvent réellement faire la différence« , affirme la consultante.
Ce transfert de ressources permettrait donc aux agriculteurs d’investir dans la formation et l’équipement nécessaires à cette transformation. L’Afrique du Sud voit l’agriculture régénérative prendre de l’ampleur.
Mais faute de données précises, impossible de savoir combien d’éleveurs ont franchi le pas, comme le relève l’agence de presse britannique. Cela dit, le chemin tracé par Stefan Erasmus pourrait bien inspirer toute une profession à repenser son rapport à la terre et aux animaux.