Le gouvernement japonais annonce le renforcement des règles régissant les vastes installations solaires, afin de protéger les paysages et l’environnement naturel.
Le gouvernement japonais a décidé, le 23 décembre dernier, de ralentir le développement des projets d’installations solaires sur son territoire en réduisant une partie du soutien financier public qui leur était accordé.
Cette mesure prévoit, à partir de l’année fiscale 2027, la suppression des mécanismes de tarifs de rachat garantis (feed-in tariff) et de primes à l’injection (feed-in premium) pour les centrales solaires commerciales de grande taille au sol. Ces dispositifs assuraient aux producteurs d’électricité verte un prix d’achat fixe ou une bonification sur le tarif du marché.
Selon des responsables gouvernementaux cités par Reuters, cette décision vise à « protéger l’environnement naturel, garantir la sécurité et préserver les paysages ». Elle intervient dans un contexte de mécontentement croissant au sein des zones rurales.
De nombreux projets de méga-parcs photovoltaïques ont en effet provoqué, ces dernières années, l’opposition des habitants et des associations environnementales, qui dénoncent la déforestation, la disparition de terres agricoles et la dégradation de sites emblématiques.
Une contestation grandissante sur le terrain
Importées pour la plupart de Chine, ces installations couvrant parfois plusieurs dizaines d’hectares ont transformé des collines boisées en immenses champs de panneaux solaires. Cette évolution perturbe les écosystèmes locaux et modifie profondément le visage des régions rurales traditionnelles.
Les opposants soulignent également les risques accrus d’érosion et de glissements de terrain liés au déboisement nécessaire à l’implantation de ces infrastructures. Parallèlement, le gouvernement doit composer avec une équation économique de plus en plus difficile.
En effet, les coûts de développement des projets solaires ont fortement progressé ces dernières années. De quoi mettre sous pression la rentabilité du secteur et raviver les doutes sur la pérennité du modèle actuel.
Vers un modèle plus équilibré
Le durcissement réglementaire annoncé s’inscrit dans une volonté de rationaliser la filière solaire. Les autorités entendent désormais privilégier les installations en toiture, sur les parkings ou les friches industrielles, plutôt que de multiplier les projets sur des espaces naturels ou agricoles.
Cette inflexion constitue toutefois un tournant majeur dans un contexte de transition énergétique accélérée vers la neutralité carbone, objectif que le pays – cinquième émetteur mondial de CO₂ – s’est engagé à atteindre d’ici 2050.
Depuis plus d’une décennie, le Japon misait sur l’énergie solaire pour compenser le déclin de son parc nucléaire après la catastrophe de Fukushima. Ce changement de cap représente donc un revers supplémentaire pour le secteur des énergies renouvelables, déjà affaibli par le ralentissement de l’éolien offshore.
Le soutien public restera néanmoins en vigueur pour les installations existantes et pour les systèmes résidentiels, considérés comme essentiels à la production décentralisée. Dans le même temps, Tokyo souhaite renforcer son pari technologique sur les cellules solaires à pérovskites, présentées comme une innovation de rupture dans le domaine photovoltaïque.
