Le sommet de l’ONU sur le développement en péril ?

Les participants à la rencontre prévue la semaine prochaine à Séville s’interrogent sur les moyens de sauvegarder l’objectif de mobilisation financière, indispensable face aux défis croissants de la planète, notamment dans le contexte du désengagement américain.

« Une opportunité unique de réformer le financement à tous les niveaux, y compris en donnant une impulsion à la réforme de l’architecture financière internationale, et de relever les défis qui freinent l’investissement urgent nécessaire à la réalisation des Objectifs de développement durable ».

C’est en ces termes que l’ONU présente sur son site internet la Quatrième Conférence internationale sur le financement du développement (FFD4). Pourtant, il faudrait désormais réviser à la baisse les ambitions de ce sommet, loin de l’objectif initial de révolutionner le financement mondial du développement.

Car c’est la survie même du système de financement actuel qui est en jeu. La décision des États-Unis de boycotter l’événement, prévu du 30 juin au 3 juillet à Séville, a transformé la donne. Washington justifie ce retrait par ses désaccords sur plusieurs points clés du débat.

Parmi ce que l’administration américaine qualifie de « lignes rouges » infranchissables figurent le triplement des capacités de prêt des banques de développement, la modification des règles fiscales internationales, et même l’utilisation du terme « genre » dans les documents officiels.

Des alliés de moins en moins solidaires

La position américaine n’est guère surprenante compte tenu de la réorientation de la politique de la Maison Blanche sous Donald Trump, président connu pour son hostilité au multilatéralisme. Mais les Européens ne montrent pas non plus un engagement total.

L’Union européenne émet ainsi des réserves sur la manière dont la question de la dette est traitée dans le cadre onusien, selon Reuters. Parallèlement, des pays comme le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne ont réduit leurs contributions à l’aide internationale.

Cette aide a globalement chuté de 7% l’année dernière selon l’OCDE et pourrait s’effondrer de 23% d’ici 2027 d’après l’organisation ONE Campaign. Les États-Unis ont déjà donné le ton en supprimant ces cinq derniers mois, plus de 80% des programmes de l’USAID, dans le cadre des coupes budgétaires pilotées par Elon Musk sur mandat de Donald Trump.

Tenter de sauver ce qui peut l’être encore

Dans ce contexte, ce sont les plus pauvres qui en pâtissent. L’ONU estime qu’il manque désormais 4 000 milliards de dollars par an pour permettre aux pays en développement d’atteindre les Objectifs de développement durable.

Face à cette situation, au-delà des critiques du boycott américain, l’enjeu consiste maintenant à sauver ce qui peut encore l’être du sommet de Séville. C’est du moins l’avis de Remy Rioux, directeur général de l’Agence française de développement.

« Nous pousserons pour le nouveau cadre et son opérationnalisation de Séville à Belém« , espère-t-il en référence à la COP30 de novembre au Brésil, dans des propos cités par Reuters. « Nous devons nous assurer de ne pas reculer à ce stade. Nous devrions au moins rester stables« , estime pour sa part Orville Grey, de l’Institut international pour le développement durable.

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