Après dix années passées sous un régime despotique, les Mauritaniens savourent depuis sept mois les premiers délices d’une nouvelle ère, celle de la démocratie. Si tout n’est pas encore parfait, l’on peut se réjouir de ce qui a été déjà accompli en si peu de temps : une certaine liberté d’expression, la participation de l’opposition à la vie de la nation, ou encore l’ouverture des médias publics à tous les partis politiques.
Depuis juillet 2019, la Mauritanie s’est lancée sur les rails d’un Etat de droit. Son nouveau pilote, le président Mohamed Ould Ghazouani imprime le rythme qui lui convient. Et si ce n’est pas assez rapide pour certains, il faut tout de même reconnaitre que le train avance bien. Sept mois après son élection, le climat socio-politique n’est plus le même en Mauritanie. Aujourd’hui, la population se permet d’organiser un sit-in jusque devant le palais présidentiel. Sous Mohamed Abdel Aziz, c’était inimaginable. Manifester, ne serait-ce que dans les rues de Nouakchott, était une entreprise périlleuse. Cette liberté d’expression se remarque aussi à travers la remise en liberté de prisonniers d’opinion, notamment des blogueurs, devenus ennemis publics numéro Un sous le régime militaire d’Abdel Aziz.
L’opposition a enfin droit au chapitre
Pour les partis politiques, la situation s’est également améliorée. Ils peuvent désormais pleinement participer à la vie politique de la nation, sans craindre de se retrouver derrière les barreaux ou en exil. Les leaders de l’opposition ont d’ailleurs été agréablement surpris par la pondération et la hauteur d’esprit de Mohamed Ould Ghazouani, lors de leur rencontre dans le cadre du dialogue national initié par lui dès septembre 2019. Le président du parti anti-esclavagiste IRA, Biram Dah Abeid, a estimé par exemple qu’avec « Ghazouani, il y a du nouveau au sommet de l’État ».
Malheureusement, cette démocratisation assez satisfaisante de la Mauritanie oublie les fils du pays encore en exil. Or l’œuvre de Ghazouani ne sera pas parfaite sans ceux-là. En décembre dernier, des milliers de personnes ont manifesté pour demander au chef d’Etat le retour en Mauritanie de ces exilés, dont Moustapha Ould Limam Chafi, un conseiller de l’ombre chargé des « bons offices » des chefs d’Etat d’Afrique francophone, et l’homme d’affaires Mohamed Ould Bouamatou. Celui-ci vit hors du pays depuis près de neuf ans. Il est accusé par l’ancien pouvoir de corruption et financement illicite de l’opposition.
Le gouvernement multiplie les gestes en faveur de Mohamed ould Bouamatou
Bien que Ghazouani ait laissé entendre qu’il n’a pas vocation à s’immiscer dans les décisions de justice, tout concourt à une prochaine levée des poursuites contre le banquier. Fin décembre dernier le gouvernement a attribué une distinction à Bouamatou pour ses investissements dans le pays. Il a également permis le retrait d’une plainte introduite contre Bouamatou par des fausses ONG manipulées par l’ancien régime.
Cerise sur le gâteau, le ministère des pêches et de l’économie maritime a ordonné la levée des mesures restrictives frappant sa Générale de Banque de Mauritanie (GBM) aujourd’hui gérée sa fille Leïla Bouamatou.
Fort de cette série d’évènements favorables, le banquier pourrait bientôt renter au pays, à la suite d’Ahmed Baba Ould Aziz, un autre homme d’affaires qui a eu maille à partir avec Abdelaziz.