Incapable de respecter ses engagements de réduction des émissions de CO2 conformément à l’Accord de Paris, l’État fédéral s’est découvert une nouvelle vocation : impulser des projets écologiques dans les pays pauvres.
La Suisse ne souhaite plus perdre du temps avec les exigences internationales de respect de l’environnement, quand d’autres peuvent le faire à sa place. Ce mécanisme compensatoire connu de longue date semble plus que jamais séduire les responsables helvétiques. D’autant qu’à l’intérieur du pays, les efforts des autorités pour la préservation du climat se heurtent à quelques obstacles. Le rejet en juin par la population d’un projet de loi censé contribuer à inscrire la lutte contre le réchauffement dans les mœurs grâce à des sanctions financières, en est la dernière illustration.
De fait, la promesse de réduction des émissions de CO2 de la Suisse de 50% d’ici à 2030 sonne pour l’heure creuse. Il en est de même de la neutralité carbone attendue pour 2050.
Le Pérou, le Ghana et le Sénégal à la rescousse
Pour conjurer ce mauvais sort, le pays a décidé d’opter pour une nouvelle approche, à la fois moins contraignante et manifestement peu coûteuse. Cela consiste à s’ériger en garant du respect de l’environnement hors de ses frontières à travers le financement de projets écolo-responsables. Et les pays pauvres ou en voie de développement semblent être des cibles idéales. Après le Pérou en octobre 2020, c’est le Ghana qui a accueilli la délégation suisse deux mois plus tard. Au menu, signature de plusieurs accords en faveur de la transition vers les énergies renouvelables. Même scénario au Sénégal récemment où Berne s’est engagé à financer le processus de méthanisation du pays dans l’agriculture.
Réduire par soi-même ses émissions
En agissant en preux chevalier du climat à l’international, la Suisse espère contribuer indirectement à compenser la forte dépendance de sa finance au fossile, ou encore à ralentir la fonte de ses célèbres glaciers. Mais le procédé bien que légal ne suscite pas moins de critiques. D’abord pour son manque d’éthique. Car il n’y a rien de très sain pour un pays développé d’attendre que les plus faibles et sans doute moins pollueurs fassent les sacrifices à sa place, même au prix du chéquier.
Par ailleurs, les spécialistes du climat indiquent qu’il vaut mieux réduire par soi-même ses émissions de carbone en raison de certains facteurs inhérents à la méthode compensatoire. Au premier chef, son évaluation qui n’est pas toujours évidente à réaliser. De même que sa mise en œuvre qui prive le pays d’origine d’investissements économiques.