Afrique : l’éducation des mères, clé de la scolarisation des enfants dans les plantations de cacao

Des associations villageoises d’épargne et de crédit développent des programmes communautaires visant à renforcer l’autonomie financière des femmes dans les régions productrices de cacao de Côte d’Ivoire et du Ghana. Objectif : lutter contre la déscolarisation des enfants, véritable fléau dans ces milieux.

L’importance des femmes, particulièrement les mères au foyer, dans le bien-être familial, n’est plus à démontrer. L’Agence norvégienne de coopération pour le développement (Norad), l’organisation Rainforest Alliance, Solidaridad Afrique de l’Ouest et l’Initiative internationale du cacao (ICI), l’ont si bien compris à travers leur projet d’autonomisation en cours en Côte d’Ivoire et au Ghana.

À travers des associations villageoises d’épargne et de crédit (AVEC), ce programme vise à donner aux femmes des communautés productrices de cacao un pouvoir décisionnel accru, dans ces deux pays qui figurent parmi les plus gros producteurs mondiaux.

Cette initiative répond à un défi majeur, alors que dans les régions cacaoyères, près de la moitié des enfants (45%) vivant dans les foyers de producteurs travaillent au lieu d’aller à l’école, selon le département américain du Travail cité par Reuters. Soit 1,56 million d’enfants.

Le dialogue et l’écoute plutôt que les sanctions

L’histoire de Margaret Arthur, rapportée par l’agence de presse britannique, illustre de fort belle manière cette problématique. Native d’une famille de petits producteurs de cacao dans la province du Nord-Ouest du Ghana, elle n’a jamais pu être scolarisée faute de moyens financiers.

Dans ce contexte, celle qui se dit déterminée à offrir un avenir différent à son enfant, a trouvé la solution grâce à l’une des 136 AVEC impliquées. Celle-ci lui a permis d’accéder aux fonds nécessaires pour acheter l’uniforme scolaire et les fournitures de son enfant.

L’ICI a développé des systèmes de surveillance et de remédiation du travail des enfants qui s’appuient sur l’identification des enfants vulnérables par le biais de visites à domicile, d’activités de sensibilisation et de l’introduction de mécanismes de soutien. De quoi réduire le travail des enfants de 44 % selon les derniers chiffres disponibles.

Une approche systémique contre un fléau persistant

Les femmes représentent la majorité des membres des 40 comités communautaires de protection de l’enfance établis dans les régions couvertes par le projet. Dans le cadre d’une approche fondée sur le dialogue et l’accompagnement, ces comités organisent des réunions trimestrielles avec l’assemblée municipale locale pour interpeller directement les responsables publics en charge du bien-être des enfants et de l’éducation.

« Nous en savons beaucoup plus sur ce qui fonctionne maintenant. Ce n’est pas que nous avons échoué, mais plutôt que nous n’avons pas encore pleinement déployé à grande échelle ce qui fonctionne », affirme Matthias Lange, directeur exécutif de l’ICI, alors que le fléau persiste malgré des décennies d’attention portée au travail des enfants dans le secteur cacaoyer ouest-africain.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *