L’issue des dernières élections législatives fait craindre un recul écologique dans ce pays pivot de l’Union européenne.
« S’il y a jamais eu un moment pour s’inquiéter de la politique climatique, c’est maintenant« . Comme en témoignent ces propos de Luisa Neubauer, figure emblématique du mouvement Fridays for Future en Allemagne auprès de Reuters, les acteurs et autres organisations pro-écologie du pays sont dans la crainte.
La crainte d’une remise en cause des quelques acquis arrachés de hautes luttes ces dernières années dans le cadre de la préservation du climat. En cause, la perspective d’un prochain pouvoir peu enclin à défendre cette cause progressiste, dans un contexte de lassitude générale.
En effet, le vent du conservatisme qui traverse les États-Unis n’épargne pas le Vieux Continent. À preuve, seulement 12,8% des Allemands considéraient la protection du climat comme prioritaire lors des élections législatives de fin février, contre 24,4% en 2021.
Le bloc de centre-droite CDU/CSU (Union chrétienne démocrate / Union chrétienne sociale) sorti victorieux du scrutin a déjà manifesté son intention d’abolir l’interdiction future des véhicules à essence et diesel, de supprimer les restrictions sur l’usage de l’automobile, et de réintroduire les subventions au diesel dans l’agriculture.
Le SPD, un pouvoir d’influence incertain
Si le parti conservateur – CDU – proclame son attachement à l’objectif global de neutralité climatique allemande d’ici 2045, il prône désormais « une approche pragmatique qui soutient l’économie, l’industrie et l’acceptation publique, » selon les propos de son porte-parole pour les questions climatiques Andreas Jung, cités par Reuters.
Une vision qui contraste nettement avec les engagements écologiques de la précédente coalition tripartite. Dans ces conditions, marquées par l’érosion populaire des Verts – seulement 11,6% des voix aux législatives –, tous les regards se tournent vers le SPD (Parti social-démocrate) pour préserver un tant soit peu le climat.
Reste que son engagement sur cette problématique n’a pas toujours été fort, comme le souligne Stefan Marschall, politologue à l’Université de Düsseldorf, interrogé par l’agence de presse britannique.
« Le SPD n’est pas un parti traditionnellement axé sur la politique climatique comme les Verts, donc nous ne devrions pas nous attendre à ce qu’ils poussent cette question aussi fortement« , indique-t-il.
La mobilisation citoyenne comme seul rempart ?
Face à la perspective d’un ralentissement de l’action climatique sous un futur gouvernement conservateur, les militants écologistes se préparent déjà à intensifier leur mobilisation. « C’est notre travail de maintenir cette question vivante« , estime Lena Donat, experte en mobilité chez Greenpeace, dans les colonnes de Reuters.
Alors que trois plaintes constitutionnelles liées aux questions climatiques sont déjà en attente devant la Cour suprême du pays, elle prévient que « les prochaines années seront difficiles, pas seulement pour nous, mais aussi pour la CDU« .
À cet effet, l’agence de presse entrevoit la perspective d’une hausse des actions directes, dont les barrages routiers, les manifestations dans les aéroports et les installations pétrolières. Ce serait peut-être l’une des seules voies du salut face à l’incertitude politique qui se dessine.