Le charbon, frein au 1,5°C ?

Une récente étude met en lumière la persistance du recours global à cette source d’énergie fossile, même si l’adoption des alternatives vertes progresse à travers le monde.​

Dix ans après la signature de l’Accord de Paris en 2015, le constat du rapport « State of Climate Action 2025 » est sévère : les initiatives engagées dans les secteurs les plus polluants restent bien trop modestes pour freiner efficacement l’augmentation des températures mondiales.

Cette dynamique très préoccupante s’explique en grande partie par la place déterminante du charbon aujourd’hui, comme le souligne l’étude publiée le 22 octobre par le World Resources Institute (WRI) et ses partenaires.

Pour cause, cette ressource compte encore pour deux tiers des émissions liées à la production d’électricité dans le monde. Si cette part a baissé depuis le début du siècle, passant d’un pic de près de 41% en 2007 à 34% l’an dernier, l’appétence du monde pour ce combustible fossile demeure importante.

Résultat : sa consommation mondiale a même atteint un sommet historique l’an dernier, portée par une demande toujours croissante en électricité. Même si pour la première fois, au cours du premier semestre de l’année, les énergies renouvelables ont généré plus d’électricité que le charbon dans le monde d’après le think tank Ember (5 072 TWh contre 4 895 TWh).

Les géants asiatiques tirent la demande

La Chine, premier producteur et consommateur, reste le moteur de cette dynamique avec plus de la moitié de l’électricité produite à partir de charbon. Cette proportion est moins importante que celle du voisin indien où le charbon compte pour environ 74 % de la production d’électricité.

New Delhi qui cherche à réduire ses importations, peut s’enorgueillir d’avoir atteint une production record de 1 milliard de tonnes de charbon au cours de l’exercice fiscal 2023-24. « Une réalisation remarquable, soulignant notre engagement envers la sécurité énergétique, la croissance économique et l’autosuffisance », selon le Premier ministre Narendra Modi.

Parallèlement, les deux pays représentent 92% des nouveaux projets de construction de centrales charbon à l’échelle mondiale, soit 107 GW sur 116 actuellement en chantier.

Pour une réduction accélérée

Si l’Agence internationale de l’énergie prévoit un recul global de la production d’électricité à partir du charbon à partir de 2026, avec un passage du relais au solaire en 2033, les engagements climatiques – notamment ceux de la Chine consistant à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 7 à 10 % d’ici 2035 – demeurent bien en deçà des efforts requis.

Plusieurs études estiment qu’il faudrait une réduction d’au moins 30 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2035 pour sauver l’objectif de 1,5°C, soit bien plus que l’objectif de 7 à 10 % fixé actuellement par Xi Jinping.

Le WRI indique ainsi que la part du charbon devrait diminuer dix fois plus vite qu’à l’heure actuelle et tomber à 4 % de la production électrique mondiale d’ici 2030, pour se conformer à l’Accord de Paris. Cela exigerait notamment la fermeture annuelle de 360 centrales et le gel immédiat de tous les projets d’expansion en cours.

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