Brésil : scandale autour de la production d’éthanol

Des usines qui produisent de l’éthanol à partir de maïs sont soupçonnées d’utiliser du bois provenant de forêts détruites illégalement pour faire fonctionner leurs installations.

Au Brésil, le carburant éthanol, censé promouvoir un modèle énergétique responsable, pourrait bien avoir été contaminé. C’est ce qu’essaie de clarifier le parquet du Mato Grosso, vaste région du Centre-Ouest, abritant une importante portion de l’Amazonie.

La procureure Ana Luiza Peterlini soupçonne en effet des producteurs locaux d’alimenter leurs procédés industriels avec du bois tiré illégalement de forêts naturelles, et non à partir de plantations réglementées comme l’exigent les normes nationales.

« L’hypothèse que ces entreprises utilisent des matières premières issues de la déforestation va déjà à l’encontre de la logique même de l’industrie », a déclaré Peterlini, citée par Reuters, relevant l’absurdité d’une telle situation.

Produire un carburant « vert » en détruisant des forêts revient tout bonnement à créer plus de pollution environnementale qu’on n’en évite. L’industrie se tire une balle dans le pied en sabotant sa propre raison d’être : la protection de l’environnement.

Quand l’éthanol durable rime avec exploitation illégale

Le paradoxe est d’autant plus criant que la déforestation demeure le premier poste d’émissions de gaz à effet de serre au Brésil – avec 39,5 % des émissions totales du pays –, pays qui s’illustre pourtant par sa promotion des biocarburants comme réponse à la crise climatique.

Cette survient alors que le gouvernement brésilien revendique entre août 2024 et juillet 2025, une baisse de 11% de la déforestation amazonienne sur un an. Soit le niveau le plus bas depuis 2014. Cela reste néanmoins modeste face aux 5 796 km² de forêt détruites sur la même période.

La question du bois brûlé dans les chaudrons industriels ressemble à une équation à multiples inconnus, d’autant qu’une règle adoptée en 2022 permet l’usage de biomasse native dans l’industrie. La procureure Peterlini, préoccupée par cette faille potentiellement contraire au code forestier fédéral, souhaite interroger l’autorité environnementale du Mato Grosso.

Entre enjeux environnementaux et contraintes du marché

L’affaire révèle aussi la fragilité du modèle industriel concerné. D’après l’Association des reboiseurs du Mato Grosso citée par Reuters, plus de la moitié du bois utilisé dans la filière provenait de zones forestières originelles. Le secteur se retrouve donc confronté à une pénurie d’eucalyptus, pourtant essentiel pour se passer de ressources naturelles sauvages.

Pour cause, il faut au moins six à sept ans pour que les plantations atteignent la maturité, et la demande excède de loin l’offre annuelle, la majorité des forêts plantées étant réservées à l’industrie papetière.

Face à la polémique, les grands acteurs du secteur tentent de faire bonne figure. Inpasa, leader dans le domaine, affirme ainsi respecter la loi brésilienne et garantir une biomasse conforme aux plus hauts standards, tandis que FS met en avant ses 87 000 hectares de forêts dédiées.

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