Le plus grand lac salé de la planète connaît un déclin alarmant de son niveau d’eau, menaçant la survie des espèces qui dépendent et l’activité économique régionale.
Selon le ministère azerbaïdjanais de l’Écologie, le niveau d’eau de la mer Caspienne – bordée par son pays, l’Iran, le Kazakhstan, la Russie et le Turkménistan – baisse actuellement à un rythme de 20 à 30 centimètres par année.
Cette tendance s’inscrit dans un processus de dégradation qui s’étend sur plusieurs décennies, avec une accélération particulièrement alarmante ces dernières années.
Si le niveau de ce joyau géographique situé entre l’Europe et l’Asie a chuté de 2,5 mètres au cours des trois dernières décennies, pas moins de 0,93 mètre de cette baisse s’est concentrée sur les cinq dernières années seulement.
« Le recul du littoral modifie les conditions naturelles, perturbe l’activité économique et crée de nouveaux défis pour le développement durable », souligne Rauf Hajiyev, vice-ministre de l’Écologie de l’Azerbaïdjan dans un entretien accordé à Reuters, alors que les préoccupations grandissent face à cette évolution.
Des conséquences écologiques en cascade
La situation génère des répercussions écologiques majeures qui dépassent largement le cadre de cette mer. L’écosystème caspien, unique au monde, abrite de nombreuses espèces endémiques, notamment le célèbre esturgeon producteur de caviar, dont la survie dépend étroitement des conditions environnementales spécifiques de ce milieu.
Or, cette baisse du niveau d’eau entraîne une modification de la salinité, affectant directement la chaîne alimentaire aquatique. Les zones de reproduction traditionnelle de nombreuses espèces se trouvent asséchées ou dégradées, menaçant la biodiversité exceptionnelle de ce milieu fragile.
Les conséquences se font également sentir sur les activités économiques locales déjà fragilisées par des décennies de surexploitation.
« Avec une baisse de 5 mètres du niveau de la mer, les phoques perdent jusqu’à 81% de leurs sites de reproduction, et avec une chute de 10 mètres, ils sont presque complètement privés de sites appropriés« , alerte Hajiyev, alors que les divergences d’analyse entre nations riveraines compliquent la recherche de solutions coordonnées.
Une mobilisation internationale nécessaire
Alors que la Russie privilégie l’explication climatique, l’Azerbaïdjan met en cause les activités humaines, notamment la construction de barrages russes sur la Volga, le principal affluent de la mer Caspienne qui fournit approximativement 80% de ses apports en eau douce.
Cependant, une prise de conscience collective semble émerger parmi les pays riverains. En témoigne l’organisation en avril dernier d’une réunion du groupe de travail conjoint entre l’Azerbaïdjan et la Russie.
L’approbation d’un programme commun de surveillance et de réponse prévue pour septembre constitue un signal encourageant, même si l’efficacité de ces mesures dépendra largement de la volonté politique des parties prenantes.
L’enjeu dépasse les frontières nationales et requiert une approche scientifique rigoureuse, combinant expertise climatologique, hydrologique et écologique pour développer des solutions durables.