Les constructeurs américains de batteries se délocalisent

L’agenda pro-fossiles de l’administration Trump combiné à ses politiques commerciales imprévisibles contraint les fabricants de batteries électriques à chercher de nouveaux débouchés en Europe et en Asie.

C’est peu dire que le climat pâtit de la politique de Donald Trump, qui éloigne les États-Unis de la voie de la décarbonation. Les projets d’énergie propre lancés sous l’administration Biden, censés positionner l’Amérique à l’avant-garde de la révolution verte, sombrent en effet dans l’incertitude depuis le retour au pouvoir du dirigeant républicain.

Les manœuvres utilisées par son administration pour contrer toute initiative allant dans le sens de la transition énergétique vont de la suppression des subventions publiques aux modifications fiscales. À cela s’ajoute l’offensive tarifaire devenue illisible pour le milieu entrepreneurial.

Dans ce contexte, les entreprises américaines engagées dans la transition verte en payent le prix. Group14, groupe spécialisé dans les matériaux de batteries au silicium a ainsi dû reporter l’ouverture de son usine de Moses Lake, dans l’État de Washington.

Dans ce contexte, les entreprises américaines engagées dans la transition verte en paient le prix. Group14, entreprise spécialisée dans les matériaux de batteries au silicium, a ainsi dû reporter, selon le Wall Street Journal (WSJ), l’ouverture de son usine de Moses Lake, dans l’État de Washington.

L’Asie et l’Europe

En cause : l’incertitude tarifaire et des interrogations sur le financement public d’une usine de silane, matière première essentielle à la production de silicium. Pour se sortir d’affaire, la société basée à Seattle explore donc d’autres marchés porteurs en dehors des États-Unis.

Pour l’entreprise qui vient de boucler un tour de financement de 463 millions de dollars mené par le conglomérat sud-coréen SK Inc., l’avenir se dessine en Asie. « Si nous voulions vraiment avoir un accès direct à l’Asie, nous devions contrôler entièrement la production en Asie« , justifie Rick Luebbe, dirigeant de Group14, auprès du WSJ.

En effet, 90% de la production mondiale de batteries se concentrent à moins de quatre heures de vol de l’usine asiatique de l’entreprise. L’exode s’étend également à l’Europe, comme en témoigne Lyten, entreprise californienne spécialisée dans les batteries.

Le prix de l’incohérence politique

Elle a récemment racheté les installations de production de Northvolt en Allemagne et en Suède, profitant des difficultés de cette startup suédoise, autrefois considérée comme l’espoir européen des batteries.

« Il est logique que les entreprises américaines cherchent ailleurs leurs investissements. D’autres régions devancent les États-Unis en technologie et innovation des batteries, notamment en raison des cycles politiques imprévisibles et du scepticisme des consommateurs envers l’électrification« , analyse Thomas Kavanagh, expert chez Argus Media, interrogé par le Wall Street Journal.

Cette hémorragie industrielle dessine ainsi les contours d’un nouveau monde énergétique où l’instabilité politique américaine devient paradoxalement le meilleur atout de ses concurrents.

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