Mustela, marque de produits pour bébés, mettra fin à la production et la commercialisation des lingettes en 2027, alors que ces produits représentent 20% de son chiffre d’affaires. Cette décision radicale a été initiée par Sophie Robert-Velut, directrice générale des activités cosmétique et dermatologie de la société-mère Expanscience. Elle souhaite préparer le groupe à l’économie de demain, plus vertueuse et responsable.
Ces dernières années, de nombreuses entreprises se sont engagées dans la transition écologique pour s’aligner sur leurs objectifs RSE. Si certaines arrondissent les angles en rendant leur production plus respectueuse de l’environnement, d’autres ont choisi de se séparer tout bonnement des activités problématiques. C’est le cas de Mustela, numéro Un français des lingettes et filiale des laboratoires Expanscience.
S’amputer d’une jambe problématique pour mieux marcher
C’est en 2022 que Mustela a décidé de ne plus fabriquer ni commercialiser des lingettes à partir de 2027. D’ici là, la marque va rendre ces produits compostables. Après, il faudra totalement les supprimer car ils sont à usage unique, donc non durables. Ce choix étonne d’autant que les lingettes représentent 20% du chiffre d’affaires de l’entreprise. C’est un peu comme si un homme décidait de s’amputer une jambe gangrenée par une tumeur pour pouvoir marcher plus facilement.
Mustela veut repenser en profondeur son modèle d’affaires
C’est Sophie Robert-Velut, directrice générale des opérations dermo-cosmétique et rhumatologie des laboratoires Expanscience, qui a pris cette mesure difficile et risquée. Arrivée au sein du groupe en 2019, après quinze ans passés chez L’Oréal, elle a pour principe de ne pas faire les choses à moitié. Surtout quand il s’agit de la survie de l’entreprise elle-même. La dirigeante considère dans les colonnes de La Croix que « l’économie actuelle est une bombe à retardement » pour se permettre de tergiverser. Selon elle, il faut « se préparer au chaos » inéluctable, dès maintenant, en repensant « en profondeur nos modèles d’affaires.».
Mustela souhaite anticiper les conséquences de la loi Agec
Si la loi Agec prévoit déjà l’interdiction des articles à usage unique en 2040, Sophie Robert-Velut pense que Mustela ne doit pas prendre tout son temps pour réaliser la transition. Il faut sauter le fossé très vite afin de prendre une longueur d’avance sur la concurrence, mais surtout pour répondre aux défis de demain en matière environnementale. Pour cela, la quinquagénaire peut compter sur le soutien des dirigeants d’Expanscience, une grosse PME familiale de plus de 1 000 salariés. Ce groupe vieux de 70 ans est très engagé sur le plan social et environnement. Ce qui a facilité la tâche.
Une société à mission depuis 2021
Très à cheval sur ses valeurs, Expanscience devenue société à mission en 2021. Dirigée par Jean-Paul Berthomé, fils du fondateur, l’entreprise a pris l’engagement depuis près de 20 ans d’embrasser un modèle de transition au service de la communauté. Dans la droite ligne de ses convictions, elle a récemment refusé de se lancer sur le très prometteur marché des soins pour cordon ombilical. Expanscience préfère se positionner sur de nouveaux business d’avenir, comme le bien vieillir.
Des actions en concertation avec les fournisseurs
Au quotidien, les équipes agissent également pour s’inscrire dans la vision des laboratoires. Ainsi, les commerciaux et les responsables réduisent leurs voyages d’affaires pour limiter l’empreinte carbone du groupe. Expanscience a également réduit de 10% sa consommation d’énergie comme le souhaite le plan sobriété énergétique du gouvernement. En outre, la PME travaille de concert avec ses fournisseurs et d’autres acteurs pour former une chaine économique vertueuse. Avec toutes ces actions, elle veut se poser en pièce maitresse de la « vraie » transition écologique.