Depuis quelques mois, tout s’accélère en faveur de l’hydrogène vert. Du gouvernement français, qui a lancé un plan national de 100 millions d’euros, aux producteurs et distributeurs d’énergie, en passant par les constructeurs automobiles, l’intérêt pour cette ressource renouvelable se fait grandissant. Sommes-nous en droit de penser que 2020 sera la décennie du décollage véritable de l’hydrogène naturel ?
Le gouvernement français prend les devants
L’association française pour l’hydrogène et les piles à combustibles (AFHYPAC) estime que les projets et appels d’offre en faveur du développement de la mobilité et de l’industrie hydrogène seront primordiaux dans cette nouvelle décennie. Le fait est qu’au fil des mois, les décideurs publics et les acteurs de l’énergie donnent à l’hydrogène sa place en tant que vecteur de la transition écologique.
Le gouvernement par exemple a lancé un plan national de 100 millions d’euros en faveur du développement de l’hydrogène. A la clé, plusieurs objectifs relativement ambitieux. Parmi lesquels : décarboner 10% de l’hydrogène industriel d’ici à 2023 et continuer à développer l’hydrogène pour les véhicules. La nouvelle feuille de route énergétique de la France ou Programmation pluriannuelle de l’énergie vient d’ailleurs d’être soumise à consultation publique jusqu’au 19 février. Sans surprise, elle fait encore la part belle aux énergies renouvelables.
Tous les industriels se convertissent à l’hydrogène
Les majors de l’industrie, qui ont flairé les futures bonnes affaires, ont commencé à changer de discours et surtout de cap de production. Le PDG de Total, très sceptique au sujet de l’hydrogène il y a quelques mois, a indiqué fin 2019 que « La filière hydrogène mérite d’être regardée de plus près ».
Lorsqu’il était encore en poste, l’ancien patron de la SNCF Guillaume Pépy avait lui déjà annoncé que des trains à hydrogène remplaceraient progressivement, à partir de 2022, les locomotives diesel sur les lignes régionales non électrifiées. Alstom travaille de son côté au développement d’une version française de son train à hydrogène allemand, le Coradia iLint.
Dans l’automobile, PSA prévoit une partie hydrogène dans son mix, notamment pour le B2B. Tandis que Renault a annoncé l’arrivée de deux utilitaires à hydrogène dans sa gamme. En outre, chez les producteurs et distributeurs, Engie et Michelin ont créé en Auvergne-Rhône-Alpes, avec le soutien de la région, la SAS Hympulsion, qui exploitera 20 stations de distribution d’hydrogène.
De plus en plus de villes françaises se laissent également tenter par l’aventure hydrogène, avec notamment les bus à hydrogène. C’est le cas ville de Houdain dans le Pas-de-Calais.
Hydroma SA, pionnière de l’hydrogène naturel
Outre-rhin, l’intérêt pour l’hydrogène est encore plus fort. Bien avant la France, l’Allemagne avait déjà compris l’importance de cette ressource et s’était engagé à devenir « le numéro un mondial des technologies de l’hydrogène ». Le Ministre des transports, Andreas Scheuer vise notamment la production totale de 60.000 voitures à hydrogène d’ici à 2022. Pour lui, c’est indéniable, « L’hydrogène est l’un des carburants du futur ». Au Mali aussi, un entrepreneur ambitieux le pense. Il s’appelle Aliou Diallo, PDG de Hydroma SA, pionnière de l’exploitation de l’hydrogène naturel, plus vertueux encore que ce qu’on appelle « hydrogène vert ou manufacturé » en Europe. Car elle se trouve dans le sous-sol, n’émet aucun gaz à effet de serre et se révèle 100% renouvelable.
La société Hydroma SA produit de l’électricité verte depuis 2011 pour le village de Bourakébougou (Mali) à partir d’une unité pilote. Fin 2019, l’entreprise s’est lancée dans une exploitation à l’échelle industrielle. L’objectif à court terme est de résoudre le déficit énergétique du Mali. Ce projet nécessitant beaucoup plus de moyens, Aliou Diallo s’est lancé dans la recherche de partenaires, particulièrement en Allemagne.