Le plus grand pays d’Amérique latine a vu 40 millions de personnes sortir de l’insécurité alimentaire entre 2022 et 2024, selon les Nations unies.
C’est un classement peu glorieux dont le Brésil peut se féliciter d’avoir échappé. Selon la « Hunger Map », carte interactive mondiale de la faim publiée le 28 juillet dernier par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 40 millions de Brésiliens sont sortis de l’insécurité alimentaire entre 2022 et 2024.
Si 13,5% de la population brésilienne (près de 29 millions de personnes) souffre encore d’insécurité alimentaire modérée ou grave selon une moyenne calculée sur trois années, ce taux représente un retour proche du niveau le plus bas jamais enregistré (13,3% entre 2014 et 2016).
Le pays revient donc de loin. Cette réussite intervient dans un contexte de léger recul de la famine mondiale, d’après la FAO. « Je suis l’homme le plus heureux au monde. Aujourd’hui, je dormirai la conscience tranquille, sachant que j’accomplis mon devoir envers le peuple brésilien », s’est félicité le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva sur X.
Une politique volontariste aux résultats spectaculaires
Depuis son retour à la tête de l’État en 2023, après un premier passage au pouvoir de 2003 à 2011, cette figure historique de la gauche brésilienne a multiplié les initiatives destinées à éradiquer le fléau, conformément à sa promesse de campagne.
Il a ainsi relancé le Programa Bolsa Família (bourse familiale, PBF), présenté comme le plus vaste programme de transferts monétaires conditionnels au monde. Il a également rétabli le Consea, instance de dialogue entre le gouvernement brésilien et la société civile sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle, que son prédécesseur Jair Bolsonaro avait dissoute.
« Il y a eu une coordination d’actions entre différents secteurs pour s’attaquer à la fois à la faim et à la pauvreté, ce qui a permis d’obtenir des résultats efficaces à court terme », explique au Monde Elisabetta Racine, présidente du Consea.
« Des personnes qui vivaient dans la rue ont pu percevoir un revenu, louer une petite chambre, trouver un emploi, rembourser leurs dettes et mieux se nourrir. Certaines ont même cessé de fréquenter nos cuisines ! », confirme Andreia Barbosa, membre du Mouvement des travailleurs sans toit à São Paulo.
Un devoir de vigilance
« Je vous garantis que les données seront encore meilleures l’année prochaine », promet Lula, alors qu’un devoir de vigilance s’impose plus que jamais afin de consolider les acquis. « Nous devons avoir un plan de contingence afin de ne pas reculer », prévient Elisabetta Racine.
Comme le rappelle RFI, le Brésil était parvenu à vaincre la famine en 2014, avant d’y replonger durant les années suivantes. Cependant, « le but, ce n’est pas juste de manger », souligne David Laborde, directeur de la division économie agroalimentaire à la FAO, alors que l’organisme onusien n’intègre pas la qualité de la nutrition dans son rapport.
« Le but, c’est de manger bien, pour assurer une bonne santé et un développement aussi bien physique qu’intellectuel. »