Les discussions internationales sur un traité contre la pollution plastique se sont soldées par un échec après dix jours de négociations à Genève la semaine dernière.
« Tout le monde doit comprendre que ce travail ne va pas s’arrêter ». La directrice exécutive du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), Inger Andersen, ne pouvait que faire bonne figure, vendredi 15 août, selon une déclaration rapportée par Le Monde.
Celle qui affirmait quelques jours plus tôt d’après le quotidien français, qu’un accord conforme aux objectifs de la résolution historique de mars 2022 à Nairobi était « à portée de main », a dû constater l’échec de la cinquième session du Comité intergouvernemental de négociation sur la pollution plastique.
Ouvertes le 5 août à Genève, les discussions impliquant plusieurs delégués venus de tous les pays, devaient initialement se conclure jeudi. Mais elles ont été prolongées jusqu’au vendredi dans l’espoir d’arracher un compromis in extremis.
Malgré ces efforts supplémentaires et la mobilisation de nombreux délégués internationaux, les négociateurs n’ont pas réussi à surmonter les divergences fondamentales qui divisent la communauté internationale.
Quand la science se heurte au déni économique
Les pays comme l’Iran, la Russie ou ceux du Golfe, dont l’économie dépend massivement de la pétrochimie et de la production de plastiques issus des hydrocarbures, ont catégoriquement rejeté les propositions de traité, redoutant un impact négatif sur leurs revenus.
Face à un texte édulcoré qui ne répondait plus aux ambitions environnementales initiales, les autres nations participantes ont finalement préféré faire échouer les négociations plutôt que d’entériner un accord jugé insuffisant.
La ministre française de la transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a ainsi dénoncé « une poignée de pays qui, guidés par des intérêts financiers de court terme et non par la santé de leurs populations et la durabilité de leur économie, ont bloqué l’adoption d’un traité ambitieux ».
« Les pays producteurs de pétrole contestent complètement l’évidence scientifique et proclament que le travail des chercheurs n’a aucun sens », renchérit Jean-François Ghiglione, directeur de recherche au CNRS et membre de la Scientists’ Coalition qui rassemble 400 chercheurs, dans Le Monde.
Un précédent inquiétant
Cet échec genevois s’inscrit dans une série de tentatives infructueuses de régulation internationale du plastique. L’année précédente déjà, les négociations menées à Busan en Corée du Sud s’étaient soldées par un résultat similaire, les parties n’ayant pas réussi à s’accorder sur les termes d’un traité contraignant.
Pourtant, l’urgence de la situation n’en devient que plus pressante. Selon les projections actuelles évoquées lors des négociations, sans inflexion majeure de la tendance actuelle, la production mondiale de plastique pourrait tripler d’ici 2060.
La revue médicale The Lancet a ainsi publié un appel solennel de la communauté scientifique internationale à l’occasion des négociations genevoises.