La climatisation, ce faux ami qui transforme nos villes en fournaises

Face aux épisodes caniculaires de plus en plus fréquents en France, la climatisation divise. Une question centrale émerge : les climatiseurs contribuent-ils vraiment au réchauffement urbain ?

C’est reparti depuis dimanche 10 août : une vague de chaleur exceptionnelle frappe la moitié sud de la France. Avec un pic de 43,4°C enregistré à Argelier dans l’Aude, l’Hexagone connaît des conditions météorologiques particulièrement éprouvantes.

Cette situation accroît naturellement le recours à la climatisation dans les logements. À l’Assemblée nationale, la cheffe de file des députés du Rassemblement national a ainsi défendu avec véhémence la nécessité d’équiper massivement le territoire.

« La climatisation, ça sauve des vies. Je considère que laisser les gens mourir dans les hôpitaux de la chaleur, laisser des enfants ou des personnes vulnérables souffrir parce qu’il n’y a pas de climatisation et préférer fermer des écoles plutôt que de développer un plan climatisation va paraître totalement absurde« , a martelé Marine Le Pen.

Cette position trouve un écho chez le Premier ministre François Bayrou, qui souhaite également l’installation de climatiseurs gratuits « un peu partout sur le territoire ». Il faudrait pourtant y réfléchir à deux fois avant de s’engager dans cette voie.

Quand le remède aggrave le mal

En effet, ces machines salvatrices, qui nous offrent un répit bienvenu face aux températures écrasantes, cachent un paradoxe : plus nous les utilisons pour nous rafraîchir, plus nous réchauffons l’air de nos villes.

La climatisation ne joue certes qu’un rôle secondaire dans la formation des îlots de chaleur urbains. Ces phénomènes, qui rendent les villes significativement plus chaudes que les campagnes environnantes, ont d’autres causes principales. Mais son impact n’est pas négligeable, surtout avec l’explosion du nombre d’installations ces dernières années en France.

Dans un scénario d’expansion massive des climatiseurs, les simulations indiquent que « la surchauffe nocturne due à la climatisation atteindrait 2°C dans certains arrondissements de la capitale », prévient Valéry Masson, chercheur en climatologie urbaine au Centre national de recherches météorologiques, interrogé par CheckNews.

Pire, les projections du Centre international de recherche sur l’environnement et le développement (Cired), estiment que le recours massif à la climatisation pourrait faire grimper les températures extérieures d’environ 2 à 3°C.

Des solutions alternatives existent

Face à ce constat, plusieurs leviers d’action existent : améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments, développer des alternatives comme le rafraîchissement passif ou la végétalisation urbaine, et adopter un usage plus raisonné de la climatisation.

L’arrêt de la bétonisation tous azimuts constitue également une priorité. À Paris, où « le taux d’adoption de la climatisation est relativement faible », selon Louis-Gaëtan Giraudet, chercheur au Cired, il est encore possible d’anticiper et d’éviter l’emballement observé dans d’autres métropoles mondiales.

« Le plus efficace pour rafraîchir la ville, c’est de laisser de la place aux arbres et de faire réapparaître l’eau », souligne Hugo Clément sur France Télévisions.

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