En France, l’empreinte cachée de certains aliments importés

Un nouveau rapport révèle l’ampleur des impacts environnementaux et sociaux des habitudes de consommation française. Les aliments importés en France génèrent en effet des conséquences souvent invisibles, mais considérables dans les pays producteurs.

Vous êtes-vous déjà demandé à quel coût environnemental et social la banane, le fruit le plus consommé en France – près de 8 kilogrammes de consommation annuelle selon chaque Français en 2024 –, parvient dans l’Hexagone ?

Que dire du café – un autre produit de grande consommation française –, du cacao ou encore de l’avocat ? C’est à ce travail que s’est consacré le Basic (Bureau d’analyse sociétale pour une information citoyenne), en partenariat avec Greenpeace France, Max Havelaar France et l’Institut Veblen à travers une étude.

Le travail, qui a évalué pas moins de 13 filières d’importation alimentaire à destination de la France en combinant les données douanières, met en lumière une réalité souvent ignorée du grand public.

À savoir que rien n’est neutre dans ce qui atterrit dans nos assiettes, comme l’explique Le Monde dans un article consacré aux résultats de cette nouvelle étude, publiés ce jeudi 17 avril 2025.

Le trio infernal : cacao, soja et huile de palme

Selon cette analyse détaillée, trois produits se distinguent particulièrement par la gravité de leurs impacts environnementaux et sociaux : le cacao, le soja et l’huile de palme. Le cacao se révèle être la filière la plus émettrice de gaz à effet de serre.

En Côte d’Ivoire, principal fournisseur, sa culture a entraîné une déforestation catastrophique, avec 80% du couvert forestier disparu entre 1960 et 2010. Le soja, utilisé principalement pour l’alimentation animale, exerce une pression considérable sur les écosystèmes, notamment au Brésil.

L’huile de palme, quant à elle, continue d’être massivement utilisée par l’industrie agroalimentaire malgré sa contribution documentée à la déforestation. Surtout, l’étude souligne que sa consommation réelle est largement sous-estimée dans les statistiques officielles.

Au-delà des impacts environnementaux, le rapport met en lumière les conditions sociales souvent déplorables dans les pays producteurs. Ainsi, dans au moins six filières d’importation, les agriculteurs et travailleurs perçoivent moins de 60% du revenu nécessaire pour vivre dignement.

Des législations européennes potentiellement efficaces, mais menacées

Plusieurs pistes d’action sont évoquées pour tenter de remédier à cette situation. L’une d’entre elles concerne le potentiel d’amélioration de trois législations européennes récentes, dont : le règlement sur la déforestation importée (RDUE), la directive sur le devoir de vigilance des entreprises (CS3D) et le règlement sur le travail forcé.

« On recommande d’appliquer ces règlements ensemble, parce qu’ils couvrent des enjeux cohérents, avec le plancher social d’un côté et le plafond écologique de l’autre« , estime valoir Clément Helary, chargé de campagne sur les forêts à Greenpeace, cité par Le Monde.

L’éventuelle ratification du traité de libre-échange avec le Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay) risque toutefois de compromettre ces avancées à en croire les auteurs, « à cause de l’asymétrie dans les normes de production entre les deux parties ».

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